La brutalité de l'action
La scène est dominée par des verbes de mouvement qui ont en commun de marquer des actions rapides : était arrivé (ligne 1), avait poussé (ligne 2), s'était lancé (ligne 3), débattue (ligne 5), accourut (ligne 15).
On distingue deux mouvements différents :
- lignes 1 à 12 : l'action se concentre sur l'arrivée de l'Ingénu dans la chambre.
- lignes 13 à 19 : défilé rapide de personnages qui souligne la dynamique du paragraphe (...)
[...] Il faut, lui disait-il, des notaires, des prêtres, des témoins, des contrats, des dispenses. L'Ingénu lui répondit par la réflexion que les sauvages ont toujours faite : Vous êtes donc de bien malhonnêtes gens, puisqu'il faut entre vous tant de précautions. L'abbé eut de la peine à résoudre cette difficulté. Il y dit-il, je l'avoue beaucoup d'inconstants et de fripons parmi nous, et il y en aurait autant chez les Hurons s'ils étaient rassemblés dans une grande ville ; mais aussi il y a des âmes sages, honnêtes, éclairées, et ce sont ces hommes-là qui ont fait les lois. [...]
[...] C'est également le cas lors de l'apparition d'un défilé de personnages représentant la religion : accourut le sage abbé de Saint-Yves, avec sa gouvernante, un vieux domestique dévot et un prêtre de la paroisse (lignes 15 à 17). - le comique de mots. Il est mis en avant par le quiproquo Je vous épouse (ligne 4). III- Les intentions de Voltaire Au delà du comique de geste, de situation et de mots, certains thèmes extrêmement sérieux sont abordés. Une satire du mariage L'Ingénu semble ici le porte-parole de Voltaire, remettant en cause le mariage par un regard étranger. [...]
[...] Le désir s'oriente donc entre la loi positive et la loi naturelle, illustrées dans cet extrait par l'opposition entre le désir et le mariage. L'abbé de Saint-Yves défend la loi positive : il représente la supériorité finale de la civilisation. Il symbolise l'homme éclairé que l'épithète sage (ligne 16) souligne. L'Ingénu est lui un défenseur de la loi naturelle : elle est assimilée à la loi du plus fort et donc à une soumission obligatoire du plus faible. La loi positive domine dans le sens où elle permettrait de défendre les vraies valeurs : L'abbé voulut prouver que la loi positive devait avoir tout l'avantage, et que, sans les conventions faites entre les hommes, la loi de nature ne serait presque jamais qu'un brigandage naturel (lignes 22 à 25). [...]
[...] Néanmoins, deux conceptions du Bien et du Mal, du mariage et de la vertu s'opposent. - La notion du Bien et du Mal Pour l'Ingénu, le Mal est représenté par la société, la loi positive (loi établie par les hommes) et Mlle de Saint-Yves. Le Bien est incarné par la satisfaction du désir, la vertu, la loi naturelle (loi qui recouvre les principes de justice que l'homme est amené à respecter instinctivement), la nature et Mlle Abacaba. Au contraire, pour Mlle de Saint-Yves, son frère et les autres, le Mal est symbolisé par le désir, la loi de la nature et la nature, tandis que le Bien renvoie au refus du désir avec l'abstinence, la loi positive, la société, ses lois et la bienséance. [...]
[...] Sa seule volonté semble être de se marier et . d'assouvir son désir physique .Mlle de Saint-Yves apparaît avec toute l'honnêteté d'une personne qui a de l'éducation (lignes vertueuse (ligne 15) et pudique (en rougissant, ligne 20). Suivie d'une scène de réflexion : lignes 20 à 34 La réflexion est suggérée par la présence : .du discours direct (Vous êtes donc de bien malhonnêtes gens, puisqu'il faut entre vous tant de précautions, lignes 27-28 ; Il y dit-il, je l'avoue, beaucoup d'inconstants et de fripons parmi nous, et il y en aurait autant chez les Hurons s'ils étaient rassemblés dans une grande ville ; mais aussi il y a des âmes sages, honnêtes, éclairées, et ce sont ces hommes-là qui ont fait les lois. [...]
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