Ce chapitre est organisé autour de la mort de Mlle de Saint-Yves et présente deux éléments perturbateurs :
- l'annonce d'un courrier de la cour (lignes 42-43) ;
- l'arrivée de Saint-Pouange avec l'amie de Versailles (lignes 114-115).
Ils marqueront la "conversion" des méchants.
La mort elle-même donne lieu à un tableau faisant intervenir des jeux de scène, sorte de didascalies, qui indiquent les déplacements et les gestes des personnages, comme par exemple (...)
[...] Mais qui pourrait peindre l'état de son amant ? Nulle langue n'a des expressions qui 20 répondent à ce comble de douleurs ; les langues sont trop imparfaites. La tante, presque sans vie, tenait la tête de la mourante dans ses faibles bras, son frère était à genoux au pied du lit. Son amant pressait sa main, qu'il baignait de pleurs, et éclatait en sanglots ; il la nommait sa bienfaitrice, son espérance, sa vie, la moitié de lui-même, sa maîtresse, son épouse. [...]
[...] La femme de Versailles demande par curiosité qui on va enterrer ; on prononce le nom de Mlle de Saint-Yves. À ce nom, elle pâlit et pousse un cri affreux ; Saint-Pouange se retourne ; la surprise et la douleur remplissent son âme. Le bon Gordon était là, les yeux remplis de larmes. Il interrompt ses tristes 130 prières pour apprendre à l'homme de cour toute cette horrible catastrophe. Il lui parle avec cet empire que donnent la douleur et la vertu. [...]
[...] Quel est ce fluide inconnu et dont l'existence est certaine, qui, plus prompt, plus actif que la 10 lumière, vole en moins d'un clin d'œil dans tous les canaux de la vie, produit les sensations, la mémoire, la tristesse ou la joie, la raison ou le vertige, rappelle avec horreur ce qu'on voudrait oublier, et fait d'un animal pensant, ou un objet d'admiration, ou un sujet de pitié et de larmes ? C'était là ce que disait le bon Gordon ; et cette réflexion si naturelle, que 15 rarement font les hommes, ne dérobait rien à son attendrissement ; car il n'était pas de ces malheureux philosophes qui s'efforcent d'être insensibles. Il était touché du sort de cette jeune fille, comme un père qui voit mourir lentement son enfant chéri. [...]
[...] Pour Voltaire, un tel personnage met en évidence les défauts du monde civilisé et souligne l'importance de l'éducation. III- Une philosophie de la vie La fin du roman est marquée par : - le repentir des persécuteurs, incarnés notamment par Saint- Pouange : il connut le repentir (ligne 135) - la tentation vite écartée du suicide de l'Ingénu (lignes 88 à 101) - une distribution des récompenses (lignes 148 à 159) - et enfin par, un bilan moral dressé conjointement par Gordon et par l'Ingénu. [...]
[...] dit-elle d'une voix tombante, la mort me punit de ma faiblesse ; mais j'expire 75 avec la consolation de vous savoir libre. Je vous ai adoré en vous trahissant, et je vous adore en vous disant un éternel adieu. Elle ne se parait pas d'une vaine fermeté ; elle ne concevait pas cette misérable gloire de faire dire à quelques voisins : Elle est morte avec courage. Qui peut perdre à vingt ans son amant, sa vie, et ce qu'on appelle l'honneur, sans regrets et 80 sans déchirements ? [...]
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