Ce commentaire composé se penche sur le chapitre 16 de l'Ingénu de Voltaire, lors duquel la belle Saint-Yves se rend chez un confesseur jésuite, le père Tout-à-tous, dans l'espoir que celui-ci la conseille. En effet, Saint-Pouange ne délivrera le prisonnier que si elle lui accorde ses faveurs... En se penchant sur l'impact et le déroulement de l'argumentation dans cet extrait, on peut souligner l'ironie et la satire réalisée par Voltaire. A travers un plan équilibré en 3 parties, ce commentaire s'appuie aussi bien sur le texte que des références à l'univers jésuite... faisant de ce devoir une analyse très complète.
[...] Tout entière au désespoir, elle lâche une interjection et ne formule pas réellement d'argument en faveur de sa thèse la vertu . La restriction de la ligne 20, "je n'ai que le choix" montre que la jeune femme sait par avance qu'elle n'est pas de force à s'opposer à sa situation et espère trouver une solution à son mal en la personne du père. Le volte face du jésuite est réalisé au discours direct ce qui permet de montrer le profond décalage entre le personnage auquel il confère des intentions sataniques au départ ("abominable pécheur et le "bon chrétien" de sa seconde intervention, véritable antithèse. [...]
[...] S'appropriant la casuistique jésuite, le père va jusqu'à créer de scandaleux décalages, bafouant la morale et appliquant des principes religieux détournés. Son argumentation est d'autre part caractérisée par des incohérences et de faux raisonnements. Les fondements mêmes de sa thèse en sont une preuve : condamnant en premier lieu l'homme capable de réclamer un tel prix, il se radoucit au nom du ministre et en fait l'éloge, effaçant ainsi toutes les critiques émises auparavant. Son développement est contredit quelques lignes plus loin. [...]
[...] Tout d'abord, comme dans toute argumentation, le père utilise des procédés rhétoriques, ici proches de la satire. Son discours, parsemé de modalisateurs crée une proximité malsaine et tournée à son avantage avec la jeune femme qu'il appelle "ma fille". Il a recours a de "douces paroles" pour tenter de persuader Saint-Yves de la qualité de ses arguments et use tour à tour de la détermination avec des verbes d'opinion ("soyez sûre") et de la réserve ne vous conseille rien"). Les organisateurs argumentatifs viennent rythmer son développement qui n'en est pas moins décousu et peu fiable. [...]
[...] L'essentiel est de savoir lire entre les lignes et, comme dans Candide, entrevoir la féroce condamnation d'un pouvoir religieux tyrannique. [...]
[...] C'est pourquoi le prêtre utilise à outrance la casuistique, chargée de combler ses lacunes oratoires. Chargé de résoudre les cas de conscience et d'aider à choisir une réponse conforme à la religion et à la morale, le père Tout-à-tous use d'arguments d'autorité, se référant à l'Être suprême pour appuyer ses dires. Tout d'abord, il questionne la morale, déployant un champ lexical à connotation religieuse : "péché", "honnêteté", "comme il est juste". Cet éventail résonne comme une épée de Damocles . [...]
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