Le protagoniste se retrouve emprisonné à la prison de la Bastille pour des raisons politiques et religieuses. C'est à peine arrivé en France que lui arrive cette mésaventure, ce qui ajoute à son malheur la révolte contre l'injustice. Le jeune homme a pour compagnon de cellule Gordon, un janséniste avec qui il discute.
Quel est le message que l'auteur a voulu transmettre à travers cet extrait ? (...)
[...] Ah! ce n'était pas contre les Anglais que je devais me battre. Ainsi sa philosophie naissante ne pouvait dompter la nature outragée dans le premier de ses droits, et laissait un libre cours à sa juste colère. Son compagnon ne le contredit point. L'absence augmente toujours l'amour qui n'est pas satisfait, et la philosophie ne le diminue pas. Il parlait aussi souvent de sa chère Saint−Yves que de morale et de métaphysique. Plus ses sentiments s'épuraient, et plus il aimait. [...]
[...] L'Ingénu, livré à son caractère, dit enfin : Voulez−vous que je vous parle avec une confiance hardie ? Ceux qui se font persécuter pour ces vaines disputes de l'école me semblent peu sages ; ceux qui persécutent me paraissent des monstres. Les deux captifs étaient fort d'accord sur l'injustice de leur captivité. Je suis cent fois plus à plaindre que vous, disait l'Ingénu ; je suis né libre comme l'air ; j'avais deux vies, la liberté et l'objet de mon amour: on me les ôte. [...]
[...] Pour exprimer cela, l'auteur établit un champ lexical de l'expression et de la confidence: parle »l.10; confiance »l.10. Nous constatons effectivement une évolution des deux personnages. L'auteur place ainsi en début et en fin de récit deux phrases ayant une valeur symbolique car elles marquent leur situation initiale: Tout ce que disait ce jeune ignorant instruit par la nature faisait une impression profonde sur l'esprit du vieux savant infortuné l.1 à 3 et leur situation finale: Enfin pour dernier prodige, un Huron convertissait un janséniste l.43/44. [...]
[...] Voltaire nous présente l'Ingénu comme une personne naïve, qui exprime ses idées clairement, sans aucun tabou. En effet, on retrouve à travers tout le texte le champ lexical de la naïveté et de la justesse: jeune ignorant instruit par la nature l.1; livré à son caractère juste colère »l.29. Il apparaît également comme quelqu'un de très confiant. On le voit à la ligne 9/10: »Voulez-vous que je vous parle avec une confiance hardie? Le terme hardie accentue la confiance que le Huron porte à Gordon. [...]
[...] Cependant, cet extrait a une double visée, argumentative et critique. En effet, Voltaire critique le système judiciaire français en s'appuyant sur l'exemple de l'Angleterre qui respecte les droits du citoyen. On peut opposer cet extrait avec le texte de Victor Hugo, extrait des Châtiments VII,5 (1953) où celui-ci s'attaque directement à la personne de Napoléon contrairement à Voltaire qui attaque la justice française de manière détournée. TEXTE: Extrait du chapitre XIV Tout ce que disait ce jeune ignorant, instruit par la nature, faisait une impression profonde sur l'esprit du vieux savant infortuné. [...]
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