L'Humanité n'a de cesse de rechercher le bonheur ; les philosophes des lumières cherchent eux à favoriser l'exercice de la raison. Inspiré par ce mouvement, Voltaire, écrivain et philosophe du XVIIIe siècle qui a laissé une oeuvre immense et très variée ainsi qu'une grande implication dans la réalité de son temps, fait partager au lecteur sa vision paradoxale du bonheur à travers "Histoire d'un bon bramin" (1761).
Quels procédés argumentatifs et de forme, Voltaire emploie-t-il pour imposer son idée paradoxale du bonheur ? La forme, le conte philosophique, amènera à étudier le paradoxe proposé par Voltaire (bonheur ou raison) ainsi que la portée de ce conte -du mouvement des « Lumières » - sur la réflexion de la félicité (...)
[...] Elle ne philosophe pas, elle a une pauvre existence : pauvre créature (ligne 11) pourtant elle est heureuse, l'opposition bonheur de cette pauvre créature en introduit l'idée. C'est donc avec une certaine exactitude, l'antithèse parfaitement du bramin. À travers la vielle femme, la religion hindoue est introduite dans le conte : elle croyait aux métamorphoses de Vitsnou de tout son cœur (ligne 8). L'auteur veut montrer que c'est la naïveté qui pousse à croire en la religion et en des divinités. De croire aveuglément en la religion c'est être imbécile. [...]
[...] Le conte introduit deux idées, deux états d'esprit. Ces deux idées forment une furieuse contradiction (ligne une antinomie (imbécile-heureux ; intelligent-malheureux). Cela pose la question : faut-il préférer le bonheur à la raison ? La raison qui est évoquée est la raison des philosophes, le raisonnement, la capacité à raisonner. Le narrateur propose : je n'aurais pas voulu être heureux à condition d'être imbécile (lignes 17 et pour lui heureux et imbécile vont ensemble Le raisonnement des philosophes contraste avec l'imbécilité de la vieille femme. [...]
[...] A travers deux parallélismes, les conditions respectives des imbéciles puis des philosophes sont résumées : ceux qui sont contents de leur être sont bien sûrs d'être contents pour les imbéciles et ceux qui raisonnent ne sont pas si sûrs de bien raisonner (lignes 22 et 23). Ces constats sont eux mêmes construits sur une base commune, le parallélisme est double. La suprématie de la raison est contestée dans la dernière partie du conte que l'on peut considérer comme la morale de ce qui précède : il paraît que préférer la raison à la félicité, c'est être très insensé (lignes 29 et 30). Cette phrase est construite autour d'une assonance qui déclenche un rythme ternaire et qui fait de cette phrase une clé du raisonnement. [...]
[...] Voltaire fait assez clairement un choix dans ce texte, il choisit de préférer la raison au bonheur. Il choisit une existence malheureuse mais guidée par la raison plutôt qu'une existence heureuse et ignorante. A travers ce texte il oriente la doctrine des Lumières en faveur de la raison et en délaissant le bonheur. On peut donc dire que ce texte est déterminant pour le mouvement des lumières Il assure que la raison est p^prioritaire sur le bonheur. La raison est mis en avant, c'est le symbole d'un changement dans les mentalités et c'est ce même changement qui amènera le peuple français dans les rues en 1789. [...]
[...] Il en ferait même oublier la définition du bonheur. C'est vraiment un texte fondateur de nouveaux principes et qui n'ont pas été oubliés aujourd'hui. C'est un exemple concret de réussite des idées des philosophes des Lumières. Voltaire avec une argumentation sous forme de conte philosophique, a su amener le lecteur au cœur de sa propre réflexion. Mais il excelle aussi dans d'autres styles de texte argumentatif comme lorsqu'il décide de prendre part à l'affaire Calas (1762), son combat est illustré par une citation apocryphe : Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous ayez le droit de le dire. [...]
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