Figure emblématique du siècle des Lumières, Voltaire usa et abusa du conte philosophique (parmi les plus connus Zadig (1748), Micromégas (1752) et Candide ou l'optimisme (1759)). Il définissait lui-même le conte philosophique comme un « petit morceau de philosophie allégorique ». En effet, la trame romanesque qui peut s'autoriser le merveilleux (conte) poursuit à la fois une visée contestataire et didactique.
Le conte, en les vulgarisant, permet de véhiculer les idées des Lumières. C'est un exercice de la raison critique qui passe par la dénonciation de tous les arbitraires, les préjugés, les superstitions dans tous les domaines y compris philosophiques. Esprit de tolérance et d'ouverture à l'autre, appétit de connaissance qui légitime souvent le voyage comme fil conducteur romanesque, capacité à relativiser nos pauvres valeurs à la lumière des autres cultes (...)
[...] II- La revendication du bonheur, limite de la philosophie L'impasse argumentative Pas de péripéties au sens traditionnel du terme donc, mais une aventure intellectuelle qui va modifier le locuteur je Riche de l'expérience du sage et de celle de la vieille, il va porter l'interrogation philosophique sur une scène plus large. Le dilemme philosophique offert à la réflexion des philosophes (dans le cadre de l'histoire) des lecteurs (dans l'intention de Voltaire) : bonheur ou raison ? Est l'image d'une IMPASSE. Il y a une mise en scène sur le plan argumentatif (un raisonnement qui tourne en rond) dans la partie (ligne59 à 73). Le je est confronté à l'incapacité d'expliquer la contradiction. [...]
[...] La sottise est bien la condition du bonheur. Le bonheur est donc inaccessible à l'homme de raison. Aux niveaux : Affectif : me fit une plus grande impression que tout le reste Intellectuel : je m'examinai moi-même et vis qu'en effet je Comparaison des deux réactions : Réaction 1 du locuteur je (ligne 40 à 42) il L'observation ne vaut que pour le sujet observé le bramin Réaction 2 du locuteur je (ligne 57 à 58) je L'enseignement est désormais intériorisé et assimilé. [...]
[...] Il y a aussi une mise en scène sur le plan affectif (désespoir et frustration du bramin) dans la partie (ligne 9 à 38). Le bramin est dans l'incapacité d'accéder au bonheur du fait même de son exigence intellectuel. Le discours comme signe d'impuissance Le discours semble donc être le signe même de l'impuissance (parole stérile). En effet, la quantité de paroles est inversement proportionnel à la capacité de l'homme à accéder au bonheur (or la parole semble être l'apanage du philosophe, de l'homme doué de raison). [...]
[...] Le conte, en les vulgarisant, permet de véhiculer les idées des Lumières. C'est un exercice de la raison critique qui passe par la dénonciation de tous les arbitraires, les préjugés, les superstitions dans tous les domaines y compris philosophiques. Esprit de tolérance et d'ouverture à l'autre, appétit de connaissance qui légitime souvent le voyage comme fil conducteur romanesque, capacité à relativiser nos pauvres valeurs à la lumière des autres cultes. Introduction ciblée : L'histoire du bon bramin, dont Voltaire offrit la primeur à Madame du Deffand, intellectuelle qui ouvre son salon aussi bien aux philosophes qu'aux économistes ou aux savantes, est une parabole qui met en scène les incertitudes philosophiques et plus précisément l'impossibilité de concilier bonheur et raison. [...]
[...] En effet, l'un et l'autre, font l'expérience de leur impuissance à atteindre le bonheur alors même que l'exercice de leur discours était censé représenter leur capacité à incarner ce bonheur. Voltaire dans de nombreux contes philosophiques comme Candide ou l'optimisme montre ce même désenchantement par rapport à la question du bonheur. Comme le bramin, Candide va renoncer à la philosophie, il va renoncer à remédier au mal sur Terre et va se contenter d'un médiocre bonheur : un principe d'ajustement au réel. [...]
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