Le dictionnaire est à la mode au XVIIe siècle. Voltaire n'a pas manqué de composer le sien, dans lequel il propose non des définitions lexicales, mais une réflexion éventuellement polémique sur les grands problèmes chers aux philosophes. L'article "Guerre" dénonce le goût immodéré des hommes pour la guerre, et s'appuie sur un récit à portée universelle pour montrer l'absurdité des causes, la responsabilité de chacun, et l'engrenage par lequel les pays sont mis à feu et à sang (...)
[...] Les faits d'enchaînent sans aucun connecteur, ni logique, ni temporel, comme on pourrait en attendre dans ce type de récit. Seuls deux adverbes de temps, incontinent (attention! ne pas confondre cet adverbe, qui veut dire aussitôt et l'adjectif qui désigne l'impossibilité de contrôler certaines fonctions du corps) et aussitôt accélèrent le rythme de l'action. Les péripéties apparaissent donc automatiques et irréfléchies, donc impossibles à arrêter. D'autre part, les faits s'enchaînent selon un engrenage irréversible et une gradation : les participants sont de plus en plus nombreux : un prince et son conseiller, puis le conseil. [...]
[...] L'argent En fait, à tous les niveaux, le véritable moteur de la guerre, c'est l'intérêt. Le texte est parsemé de termes empruntés au champ lexical de l'intérêt : gagner vendre rien à perdre »appartient »sous Si le prince a entrepris la guerre, c'est bien pour s'approprier les terres d'autrui, et, à une autre échelle, il est aussi mercantile que ses troupes. De même, on peut sourire de l'uniforme dont on affuble les soldats fraîchement recrutés : il les habille d'un gros drap bleu [ ] les fait tourner à droite et à gauche On pense inévitablement au chapitre III de Candide, et aux belles armées du XVIIIe siècle. [...]
[...] Commentaire de texte : article Guerre du Dictionnaire philosophique(1764) de VOLTAIRE. Introduction Le dictionnaire est à la mode au XVIIe siècle. Voltaire n'a pas manqué de composer le sien, dans lequel il propose non des définitions lexicales, mais une réflexion éventuellement polémique sur les grands problèmes chers aux philosophes. L'article Guerre dénonce le goût immodéré des hommes pour la guerre, et s'appuie sur un récit à portée universelle pour montrer l'absurdité des causes, la responsabilité de chacun, et l'engrenage par lequel les pays sont mis à feu et à sang. [...]
[...] Mais la fin de la phrase rappelle le terrible enjeu, faire tout le mal possible et cette généralisation est renforcée par la fréquence du mot toutes en deux occurrences dans la même phrase, complété par les sons voisins de tour à tour et trouve Le récit est donc enlevé et dense à la fois. b. La légèreté apparente La narration ne s'attache qu'aux détails insignifiants. Nul réalisme, nul rappel précis des conséquences réelles de la guerre : ni sang, ni morts. Voltaire a su ailleurs être plus concret, en nous faisant parcourir avec Candide les villages bulgares où étaient passés les héros ennemis. Les hommes agissent sans scrupules, sans hésitation ; ils se déplacent comme des marionnettes, et leurs actions sont automatiques ; on les manipule comme les soldats du premier paragraphe. [...]
[...] La valeur universelle Pour donner à ce récit la dimension exemplaire d'un apologue, plusieurs techniques sont mises en place. Tout d'abord l'indéfinition : les articles indéfinis un prince un comte »une maison une province donnent du flou au début du conte, comme il était une fois une princesse de même que le cadre spatio-temporel. Les indications chiffrées, volontairement approximatives, tendent à éloigner, donc à amplifier : trois ou quatre cents ans quelques centaines de lieues Par ailleurs, le présent de narration prouve trouve incontinent se confond parfois avec le présent de vérité générale, donnant aux affirmations le caractère d'une loi : Ces multitudes s'acharnent Il se trouve Enfin, les personnages ne sont présentés que par leur fonction : un prince un généalogiste comme les personnages-types du conte. [...]
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