"Tous les genres sont bons, sauf le genre ennuyeux", affirme Voltaire. Dans une lettre (Lettre à Moultou, 5 janvier 1763), il ajoute : "Il faut être très court et un peu salé, sans quoi les ministres et Madame de Pompadour, les commis et les femmes de chambres font des papillotes du livre".
Pensez-vous que la littérature d'idées doive se conformer à ces exigences et doive emprunter les voies de la futilité et de la vulgarisation ? (...)
[...] Cependant, ces textes ont une moralité. Elle est présente premièrement à travers la satire. Cela est prouvé dans le pamphlet De l'horrible danger de la lecture écrit sous forme d'un édit, dans lequel une remise en cause très violente de la société, et plus particulièrement de la censure, est mise en relief, ce qui représente une critique que Voltaire cherche à faire partager. Cette critique se manifeste donc par un appel à la réflexion dans l'apologue. Elle s'explique par la curiosité du lecteur qui l'amène à réfléchir à propos de thèmes importants. [...]
[...] En effet, dans la majorité des contes de Voltaire, les protagonistes explorent de nombreux territoires. Zadig, Candide ou l'Ingénu le montrent parfaitement. Candide nous fait découvrir l'Amérique de Sud, on aborda Buenos Aires l'Ingénu la Basse-Bretagne, arriva [ ] à la baie de St-Malo Zadig l'Orient, il y avait à Babylone, un jeune homme nommé Zadig Cette recherche de divertissement dans les livres se traduit parfois par un côté licencieux ou libertin dans les textes. Comme dans l'Ingénu, lorsque Mademoiselle de Saint Yves regarde l'Ingénu à travers le trou de la serrure, Mademoiselle de Kerkabon et son amie Mademoiselle de Saint-Yves ne purent se [re]tenir de regarder par le trou d'une large serrure pour voir comment dormait un Huron On retrouve aussi dans Candide des sujets assez légers comme, dès le premier chapitre, lorsque Candide et Cunégonde se donnent une leçon de physique expérimentale finement racontée par Voltaire. [...]
[...] Cette ironie permet d'une part au lecteur de prendre du plaisir dans la lecture, mais aussi d'autre part par la répartition de petits éléments dans le texte incitent le lecteur à réfléchir de manière poussée en prenant partie à une situation. Ainsi, la littérature d'idées certes court[e] et un peu salé[e] obtient une certaine force non négligeable que nous allons développer dans cette troisième partie. Nous avons dit précédemment que les auteurs des apologues écrivent pour le plaisir du lecteur. [...]
[...] Certes, il dénonce le fait d'« apprendre des choses dont [le lecteur] ne comprend pas le quart mais il avoue que les œuvres de La Fontaine, ayant une moralité et une finalité, plaisent à la famille ; ce qui montre qu'il y a du plaisir dans les fables ou les contes, comme en témoigne la phrase Les fables de La Fontaine pour les enfants et [les] contes pour les mères. Le même auteur suffit à tout. La facilité des écrits ou des histoires permet aussi de plaire pour convaincre. [...]
[...] Cependant, pour que le lecteur soit compris, il doit être un peu court et salé Ainsi, cela crée une force d'argumentation convaincante que Voltaire sait manier subtilement. C'est pourquoi la littérature d'idées doit être courte, simple et futile afin que le lecteur soit amené à réfléchir. Tous les genres [ ] sauf le genre ennuyeux empruntent certes les voies de la vulgarisation et de la futilité mais cela a pour but que le lecteur soit impliqué, ce qui représente une méthode d'argumentation très efficace. [...]
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