Initié très jeune à la culture française, grand amateur de musique et de belles lettres, Frédéric de Prusse fait très tôt connaître à Voltaire son désir d'entrer en relations épistolaires avec lui (Frédéric a vingt-quatre ans en 1736 et ne sera couronné roi de Prusse qu'en 1740).
Enchanté par les avances flatteuses du futur roi de Prusse, Voltaire lui répond, de sa retraite de Cirey, le 26 août 1736, par une lettre dans laquelle se dessine, sous les flatteries du courtisan (...)
[...] Le mot humanité est un mot fétiche de Voltaire, dont le sens est ici complexe à démêler. Humanité = peuple Ce mot s'oppose en effet à un autre terme abstrait : la royauté presque tous songent plus à la royauté qu'à l'humanité lignes comme l'intérêt collectif à l'intérêt particulier. Précisément, Frédéric, devenu roi, insistera dans son Testament politique sur l'idée de dévouement au service de l'état, définissant le roi comme le premier serviteur de l'état. Cela ne compromet d'ailleurs en rien l'exercice absolu du pouvoir. [...]
[...] Un monarque civilisateur Pour Voltaire, enfin, l'histoire n'est pas seulement, ni surtout, celle des conquérants destructeurs, mais celle des monarques civilisateurs (lignes 12 à 15). Le 15 juillet 1735, il écrit à son ami Thiériot : Quand je vous ai demandé des anecdotes sur le siècle de Louis XIV, c'est moins sur sa personne que sur les arts qui ont fleuri de son temps [ J'appelle grands hommes tous ceux qui ont excellé dans l'utile ou l'agréable. Les saccageurs de province ne sont que héros. [...]
[...] Théoriques, elles concernent la connaissance de la vérité la saine philosophie lignes 2-3 ; aimer le vrai ligne 5 : le bon roi sera donc un roi philosophe, le philosophe étant défini comme celui qui aime le vrai plus que comme celui qui recherche la sagesse Ses connaissances seront aussi pratiques : il devra s'appliquer à connaître les hommes (ligne 5). L'expression est du reste malaisée à définir : s'agit-il pour lui de savoir manœuvrer les hommes en connaissant les ressorts (les passions) qui les meuvent, comme a pu par exemple le faire Machiavel dans le Prince, ou s'agit-il plutôt d'être en mesure d'apprécier ce qui peut faire leur bonheur, cette définition étant plus conforme à l'idéal philosophique du XVIIIème siècle ? Roi philosophe, le despote éclairé doit donc aussi se montrer un roi psychologue. [...]
[...] Le bon roi devra se défaire des préjugés d'ordre religieux qui pourraient le conduire à l'intolérance et au fanatisme. De fait, Frédéric était de confession luthérienne mais, devenu roi, il fera de la tolérance religieuse un article de sa politique. Il écrira ainsi, dans son Testament politique de 1752 : Chez moi, on fait son salut comme on l'entend On sait que cette tolérance ira chez lui jusqu'à l'indifférence, voire l'impiété. Il recevra à Sans-Souci le matérialiste La Mettrie et l'impie Voltaire. [...]
[...] Le naturel, néanmoins, s'exprime moins ici que le souci de plaire et de flatter, mis en œuvre à travers divers ornements de style. Une rhétorique fleurie du courtisan flatteur Voltaire manie l'hyperbole avec insistance : il n'y a point d'homme sur la terre (ligne ; adoré de vos peuples et chéri du monde entier (lignes 11-12) ; un si divin caractère L'hyperbole, la tournure intensive, donnent une envergure immense, universelle au futur Frédéric II, accentuée par la répétition de il n'y a point et avec une variante ligne 3 : il n'y a eu [ ] que ceux) qui scande régulièrement l'expression de l'excellence sans pareille du prince. [...]
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