De l'utopie de l'Eldorado à la dure réalité de la colonie de Surinam : Candide et Cacambo rencontrent un esclave noir. C'est l'occasion pour Voltaire d'aborder le problème de l'esclavage.
L'originalité de l'écriture de ce texte réside dans l'agencement des différents modes d'énonciation, récit, dialogue et surtout discours du nègre (à l'époque, ce terme n'a pas de valeur péjorative conformément à son étymologie latine), car c'est à ce dernier que revient essentiellement le soin d'exposer ce qu'est la condition d'esclave. A travers ce témoignage, le récit de Voltaire se présente comme un véritable réquisitoire contre l'esclavage et contre les esclavagistes.
(...) L'extrait commence par une première étape de récit (A) dont le narrateur est celui de l'ensemble du conte (système d'énonciation propre au récit à la 3ème personne : cf. les temps verbaux).
- portrait physique rapide et sobre du nègre, son habillement d'abord "n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue..." Il s'agit d'intriguer le lecteur : pourquoi une moitié d'habit ? L'explication vient ensuite : "il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite". Mise à part l'expression de la compassion du narrateur, on est frappé par le ton impersonnel avec lequel sont décrits les sévices dont le nègre a été victime. Le verbe "il manquait" suggère que, dans l'esprit des esclavagistes, l'amputation d'une jambe et de la main est considérée comme des pertes accessoires, (un simple "manque" ), du moment
qu'il s'agit d'un esclave.
- Deuxième récit (A') à la fin de l'extrait "Et il versait des larmes en regardant son nègre... Surinam" : Voltaire insiste sur l'affliction de Candide, moment unique dans le roman (...)
[...] Quand je mange du sucre, ne suis-je pas complice des esclavagistes ? Le but de Voltaire est bien de faire prendre conscience d'une réalité épouvantable, pour que chaque lecteur condamne l'esclavagisme. La remise en question de l'optimisme : Le second objectif, dans le contexte des thèses soutenues dans Candide, c'est évidemment de porter un démenti sérieux à l'optimisme enseigné par Pangloss. Les larmes de Candide montrent à quel point il a été bouleversé par ce spectacle ; l'emploi du possessif son dans il versait des larmes en regardant son nègre traduit le sentiment de compassion naturelle qui l'amène à s'identifier avec celui qu'il voit souffrir. [...]
[...] dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal. Et il versait des larmes en regardant son nègre, et, en pleurant, il entra dans Surinam. Introduction : De l'utopie de l'Eldorado à la dure réalité de la colonie de Surinam : Candide et Cacambo rencontrent un esclave noir. C'est l'occasion pour Voltaire d'aborder le problème de l'esclavage. L'originalité de l'écriture de ce texte réside dans l'agencement des différents modes d'énonciation, récit, dialogue et surtout discours du nègre (à l'époque, ce terme n'a pas de valeur péjorative conformément à son étymologie latine), car c'est à ce dernier que revient essentiellement le soin d'exposer ce qu'est la condition d'esclave. [...]
[...] La dénonciation des responsables de l'esclavage. Le commerce triangulaire : l'humanité des noirs sacrifiée à la recherche du profit. La profession de M. Vanderdendur, négociant, la vente du nègre par sa mère sur la côte guinéenne sont autant d'indices qui renvoient à ce qu'on appelait le commerce triangulaire. Il consistait à suivre un circuit commercial de 18 mois environ : les navires négriers partis d'Europe chargés de marchandises embarquaient des esclaves échangés contre celles- ci. Ils allaient les vendre aux colons d'Amérique d'où ils ramenaient des produits tropicaux pour les revendre en Europe. [...]
[...] On pourrait en conclure que la littérature, et plus précisément la littérature engagée, peut avoir une réelle influence sur le cours de l'histoire. Rétabli sous Bonaparte (1802), l'esclavage ne sera définitivement aboli que le 27 avril 1848. Qu'en est-il aujourd'hui ? Si l'esclavage a été aboli partout en tant que forme de travail autorisé par la loi, il est certain que subsistent aujourd'hui dans le monde de multiples formes d'esclavage contemporain. Selon le B.I.T (Bureau International du Travail), dans une acception élargie, mais non moins inhumaine, de la notion d'esclavage, il y aurait actuellement environ deux cent millions d'esclaves dans le monde. [...]
[...] Face au nous des opprimés, on attendrait un ils désignant les oppresseurs : pourquoi Voltaire fait-il dire on à son nègre pour désigner les maîtres ? Le on qui, par définition, est indéfini, indique ici une identification imprécise, voire un refus d'identification : l'esclave semble incapable de désigner précisément quelle est la personne qui l'a condamné à subir un tel traitement. De nouveau, nous comprenons que les maîtres sont arrivés à persuader leurs esclaves qu'ils n'étaient pas responsables de leur asservissement et des punitions qu'on leur inflige. [...]
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