Pangloss est incorrigible et n'a aucune évolution depuis l'incipit (commencement du conte philosophique).
Dans sa 1ère tirade : "Les grandeurs (...) sont fort dangereuses", Pangloss fait l'étalage de "sa culture" de façon pédante et vaine. Chaque roi cité n'apporte rien au discours, au "raisonnement". Il ne peut résister au plaisir de la parole pour elle-même, quitte à se répéter indéfiniment : l'énumération des rois renvoie à une mécanique verbale creuse.
L'interruption de Candide n'est pas comprise par Pangloss. En effet son "Vous avez raison" est vidé de son sens, et ne sert qu'à reprendre la parole selon le même fonctionnement tautologique qu'au début du conte : le discours de Pangloss n'a que l'apparence d'un raisonnement ("car", "pour que", "ce qui prouve que"). En réalité, et une fois de plus, Pangloss ne prouve rien.
C'en est encore pire à la fin du texte où Pangloss est montré comme définitivement enfermé dans un optimisme béat, et ce malgré les démentis successifs que lui a apportés la confrontation avec la réalité : "Tous les événements sont enchaînés dans le meilleur des mondes possibles : car enfin si ...". C'en est suivi d'une suite en cascade de cinq subordonnées de condition, résumant le conte et la vie de Candide, dont la longueur interminable contraste ironiquement avec la brièveté ridicule et la platitude de la proposition principale : "vous ne mangeriez pas ici des cédrats confits et des pistaches". Cela paraît totalement dérisoire et selon lui ne valait pas la peine de courir le monde. Une fois de plus, le discours de Pangloss masque la réalité : une telle conception du monde conduit au conservatisme et à l'immobilisme (...)
[...] Un bonheur sans illusion Il existe plusieurs interprétations possibles de cet épilogue : - Pour certain, la leçon finale apporte un bonheur médiocre, de propriétaire bourgeois, fondé sur des refus (refus de la métaphysique, refus du monde extérieur) Pour d'autres, le trajet de Candide (et son long voyage de puis Thunder-ten-tronckh via l'Eldorado) aboutit à l'idée que le bonheur n'est pas donné d'emblée, et doit se construire. La question essentielle n'étant plus de savoir si le bonheur est possible ou non, mais de comprendre comment il se conquiert. En faisant le choix du jardin, de la métairie, Candide en a fini avec ce qui faisait de lui un être passif (dans l'incipit), subissant les caprices du sort : il a appris que le bonheur n'était pas un don, et qu'il fallait d'abord s'appliquer à voir ce qui est réellement, pour agir en conséquence, pour le conquérir. [...]
[...] La petite terre rapporta beaucoup. Cunégonde était à la vérité bien laide ; mais elle devint une excellente pâtissière ; Paquette broda ; la vieille eut soin du linge. Il n'y eut pas jusqu'à frère Giroflée qui ne rendît service ; il fut un très bon menuisier, et même devint honnête homme ; et Pangloss disait quelquefois à Candide : Tous les événements sont enchaînés dans le meilleur des mondes possibles ; car enfin, si vous n'aviez pas été chassé d'un beau château à grands coups de pied dans le derrière pour l'amour de Mlle Cunégonde, si vous n'aviez pas été mis à l'Inquisition, si vous n'aviez pas couru l'Amérique à pied, si vous n'aviez pas donné un bon coup d'épée au baron, si vous n'aviez pas perdu tous vos moutons du bon pays d'Eldorado, vous ne mangeriez pas ici des cédrats confits et des pistaches. [...]
[...] A la fin du conte, Candide s'affirme comme un anti-Pangloss. [...]
[...] Un bonheur sans illusion Un philosophe sans disciple Pangloss égal à lui-même Pangloss est incorrigible et n'a aucune évolution depuis l'incipit (commencement du conte philosophique). Dans sa 1ère tirade : Les grandeurs ( ) sont fort dangereuses Pangloss fait l'étalage de sa culture de façon pédante et vaine. Chaque roi cité n'apporte rien au discours, au raisonnement Il ne peut résister au plaisir de la parole pour elle-même, quitte à se répéter indéfiniment : l'énumération des rois renvoie à une mécanique verbale creuse. L'interruption de Candide n'est pas comprise par Pangloss. [...]
[...] Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin. Tous les personnages - sauf le frère de Cunégonde renvoyé aux galères à cause de ses prétentions nobiliaires se retrouvent à la fin du conte dans la métairie achetée par Candide grâce aux derniers diamants rapportés d'Eldorado. Notes explicatives : Eglon ( ) Sédécias : tous ces noms sont tirés de l'Ancien Testament Cresus ( ) Domitien : Pangloss évoque l'histoire grecque et romaine Richard ( ) Henry IV : princes qui connurent tous une fin tragique, Pangloss évoque l'histoire moderne de l'Angleterre, puis de la France. [...]
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