Pour la première fois, la fin du chapitre précédent ne présente pas d'effet d'annonce direct. Le développement paraît alors relativement autonome : des coups de pied au cul (chapitre I) aux baguettes (chapitre II) et à la fessée (ce chapitre), c'est le derrière de Candide qui, si l'on peut dire, fait le lien depuis le début du texte.
Ce texte introduit le thème de la religion dans Candide, sous la forme aigüe de l'intolérance. C'est l'occasion pour Voltaire de dénoncer les pratiques de l'Inquisition, tribunal ecclésiastique chargé de réprimer les hérésies (doctrines contraires au catholicisme). Dans ce chapitre bref, au style très rapide, le narrateur montre successivement que la décision de l'autodafé est absurde et que les chefs d'accusation sont sans fondement, que l'exécution est théâtralisée, et que tout cela n'aura servi à rien. Enfin, les multiples exclamations du monologue conclusif de Candide montrent néanmoins qu'il a fait de timides progrès.
I- L'art du conteur
L'apologue sous toutes ses formes (fable, conte, parabole ...) permet d'être accessible au plus grand nombre grâce aux atouts d'un récit court et plaisant qui n'en est pas moins édifiant. L'oeuvre elle-même, Candide, est un apologue puisque conte philosophique et le chapitre VI présente un schéma narratif classique et très complet dont Voltaire confirme ici l'efficacité :
- premier paragraphe : lignes 1 à 5
C'est la situation initiale donnant à lire une présentation dans l'action exposée au plus-que-parfait.
- deuxième paragraphe : lignes 6 à 19
Introduit par l'expression en conséquence, les péripéties y sont détaillées au passé simple.
- troisième et quatrième paragraphes : lignes 20 à 27
La situation finale est soulignée par le discours direct de Candide à l'imparfait.
a- La situation initiale
Elle donne les éléments habituels du cadre de tout apologue :
- la situation spatio-temporelle
C'est un cadre historique bien réel : Après le tremblement de terre qui avait détruit les trois quarts de Lisbonne. (...)
[...] Le lecteur est gagné d'avance aux idées proposées par le texte à cause de la bonne humeur de l'ouvrage, de la vitalité du texte et des plaisanteries parfois un peu grivoises. Candide n'a rien de dogmatique mais il invite à une réflexion, plus solide qu'on ne pourrait le croire, sur les problèmes de la religion et de sa compatibilité avec une vie de progrès et de bonheur. Dans le chapitre premier, incipit du conte, le baron de Thunder-ten-tronckh surprend Candide et sa fille Cunégonde derrière un paravent. Il chasse alors sans ménagement Candide du château. [...]
[...] Mais, en utilisant le terme fessé au lieu de flagellé Voltaire fait semblant de rendre cocasse ce qui pourrait être tragique. De plus, cette intolérance est clairement signifiée comme étant le fait du charlatanisme des Inquisiteurs, souligné par : .la périphrase ironique, les sages du pays (ligne qui les assimile à une sorte de sorciers .l'expression moqueuse de la ligne un secret infaillible. - par l'absence de jugement, preuve parfaite de ces pratiques inadmissibles. La superstition Elle est implicitement jugée irrationnelle par des prépositions qui établissent un lien de causalité entre l'autodafé et la lutte contre le tremblement de terre : .pour prévenir une ruine totale que de donner au peuple un bel auto-da-fé (lignes .un secret infaillible pour empêcher la terre de trembler (ligne 5). [...]
[...] 11) Il s'agit évidemment d'un supplice de fantaisie, imaginé par Voltaire. Les condamnés pouvaient en revanche être fouettés. ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction Né en 1694, François Marie Arouet, dit Voltaire, est un des grands hommes du mouvement des Lumières. Écrivain philosophe provocateur et ironique, il utilise ses œuvres pour critiquer avec ironie la société de son temps, la guerre, l'Église Il fait partie des philosophes des Lumières et écrit de nombreuses œuvres de divers genres, notamment les Lettres philosophiques en 1734. [...]
[...] Conclusion Ce chapitre est en tout point remarquable : la forme de l'apologue s'en trouve parfaitement illustrée, genre littéraire qui dit mieux que bien des discours les dérives politiques ou religieuses intolérables et ce en touchant un plus grand nombre de lecteurs que l'essai ou le dictionnaire. Son importance est liée à la force de sa dénonciation fondée sur des événements historiques et à l'ironie mordante qu'utilise Voltaire. En outre, le texte nous ramène aux principaux combats des philosophes des Lumières qui ont lutté contre l'obscurantisme sous toutes ses formes. [...]
[...] La rencontre avec la vieille annonce de nouvelles aventures. II- Un récit dominé par l'ironie La totalité de ce chapitre fait apparaître de multiples marques d'ironie au service de la dénonciation : - le premier paragraphe Composé de deux propositions redondantes, la double formulation insiste d'elle-même sur l'ironie. - en conséquence, ligne 6 Ce faux lien logique souligne par l'ironie une rationalité d'apparence et contrefaite, d'autant qu'il s'accompagne d'une inversion de l'ordre logique : on décide l'autodafé puis on cherche les coupables ! [...]
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