Après l'apprentissage de la vie militaire (chapitre II), à partir du chapitre III, celui de la vie civile est proposé à Candide. Recueilli en Hollande par l'anabaptiste Jacques, il y retrouve son ancien maître de philosophie Pangloss, atteint de la petite vérole transmise par Paquette. Lui aussi sera recueilli par Jacques. Les affaires du commerce de l'anabaptiste les obligent à aller tous les trois à Lisbonne. Soudain, leur vaisseau est assailli par une tempête.
Le texte est l'occasion pour Voltaire de parodier les descriptions traditionnelles de tempête et d'exprimer de façon plaisante son opinion quant à l'absurdité du destin, dénonçant ainsi les caractères vains de l'Optimisme.
I- Une parodie des descriptions traditionnelles de tempête
Le récit insiste d'emblée sur une atmosphère de catastrophe par :
- le champ lexical de la souffrance (affaiblis, expirants et angoisses, ligne 1 ; agitées, ligne 2 ; danger, ligne 3 ; cris, ligne 4)
- la diversité des réactions humaines face au danger. Elle est mise en évidence par une construction symétrique ("La moitié des passagers", ligne 1 ; "L'autre moitié", ligne 3) qui est soulignée par l'asyndète des deux premières phrases du texte. Le lecteur perçoit la scène comme anarchique et incohérente.
- des termes qui renforcent l'aspect dramatique et insistent sur le caractère exceptionnel du moment. Tous sont prisonniers de la mer et il y a une atmosphère d'étouffement : "ces angoisses inconcevables", ligne 1 ; "porte dans les nerfs et dans toutes les humeurs", ligne 2 ...
- des défaillances individuelles variables :
.pour les uns, la faiblesse est d'ordre médical ("nerfs et corps", mis à rude épreuve par le mal de mer)
.pour les autres, le malaise se manifeste par "des cris et des prières" (ligne 4).
À l'instar des récits traditionnels (l'Odyssée, poème de Homère ; l'Énéide, poème de Virgile), Voltaire ponctue l'épisode d'éléments pittoresques, évocateurs du genre : les voiles étaient déchirées et mâts brisés (ligne 4), vaisseau entrouvert (ligne 5). L'énumération suivante (Travaillait qui pouvait, personne ne s'entendait, personne ne commandait, lignes 5-6) est marquée par l'absence de liaison et d'auxiliaire être. (...)
[...] Une scène tragi-comique Le lecteur assiste à une succession mécanique d'événements, de péripéties plus ou moins incohérentes. Les gestes sont saccadés, désordonnés. - Jacques et le matelot Cette saynète souligne l'activité de l'anabaptiste, même si un peu (ligne suggère le caractère vain.de toute entreprise. Le présent de narration (le frappe, ligne indique l'entrée en scène du second personnage : le matelot. Les deux personnages sont antithétiques. Personnage généreux et altruiste (chapitre III), l'anabaptiste s'oppose au matelot, caractérisé par deux adjectifs dépréciateurs : furieux (ligne et violente (ligne 8). [...]
[...] Voltaire, Candide, Chapitre V (début). Toute la médecine et ses conséquences psychologiques reposent encore au XVIIIe siècle sur la théorie des quatre humeurs (sang, bile, flegme ou pituite, mélancolie), qui sont réputées engendrer des tempéraments. Tillac : le plus haut pont du navire. A priori : abstraitement, avant toute vérification expérimentale. ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction Né en 1694, François Marie Arouet, dit Voltaire, est un des grands hommes du mouvement des Lumières. Écrivain philosophe provocateur et ironique, il utilise ses œuvres pour critiquer avec ironie la société de son temps, la guerre, l'Église Il fait partie des philosophes des Lumières et écrit de nombreuses œuvres de divers genres, notamment les Lettres philosophiques en 1734. [...]
[...] L'anabaptiste aidait un peu à la manœuvre ; il était sur le tillac un matelot furieux le frappe rudement et l'étend sur les planches ; mais du coup qu'il lui donna il eut lui-même une si violente secousse qu'il tomba hors du vaisseau la tête la première. Il restait suspendu et accroché à une partie du mât rompue. Le bon Jacques 10 court à son secours, l'aide à remonter, et de l'effort qu'il fit il est précipité dans la mer à la vue du matelot, qui le laissa périr sans daigner seulement le regarder. Candide approche, voit son bienfaiteur qui reparaît un moment et qui est englouti pour jamais. [...]
[...] Une parodie des descriptions traditionnelles de tempête Le récit insiste d'emblée sur une atmosphère de catastrophe par : - le champ lexical de la souffrance (affaiblis, expirants et angoisses, ligne 1 ; agitées, ligne 2 ; danger, ligne 3 ; cris, ligne - la diversité des réactions humaines face au danger. Elle est mise en évidence par une construction symétrique (La moitié des passagers, ligne 1 ; L'autre moitié, ligne qui est soulignée par l'asyndète des deux premières phrases du texte. Le lecteur perçoit la scène comme anarchique et incohérente. [...]
[...] L'énumération suivante (Travaillait qui pouvait, personne ne s'entendait, personne ne commandait, lignes est marquée par l'absence de liaison et d'auxiliaire être. L'absence de détails superflus et l'abondance de vocabulaire technique donnent au texte un rythme saccadé. L'agitation des passagers donne au lecteur l'impression d'un grand désordre, que le roulement du bateau vient majorer. De plus, la formule lapidaire : Travaillait qui pouvait, personne ne s'entendait, personne ne commandait (ligne souligne l'inefficacité des mouvements. L'inversion du sujet témoigne que toutes les actions sont dépourvues de logique. [...]
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