François-Marie Arouet dit Voltaire est un philosophe des Lumières, très engagé dans les combats de son siècle. Il se sert de sa plume comme d'une épée dans ses essais polémiques ou dans ses contes philosophiques où il excelle et s'amuse à divertir pour mieux instruire. Candide publié en 1759 sous le pseudonyme du Dr Ralph est justement l'un des ses apologues. Le héros éponyme convaincu par son précepteur "que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles" va faire l'expérience du Mal sous toutes ses facettes (...)
[...] Les indicateurs temporels «d'abord» et «ensuite» ligne 3 appellent logiquement le «enfin» de la ligne 8. De même, les conditions spatiales s'équilibrent : à chaque côté» ligne 3 répond «chacun dans son camp» à la ligne 8. Cet ordonnancement se lit même dans les indications chiffrées du nombres de victimes présentées selon une gradation de «six mille» ligne 3 à «neuf à dix mille» ligne «des milliers» ligne 5 pour aboutir à «trente mille» ligne 6. Mais pour Candide la guerre n'est pas seulement belle, elle est juste et il la justifie. [...]
[...] Ici, dans le chapitre c'est à la guerre qu'il est confronté. Le texte est narratif et surprend par la vision contrastée de la guerre décrite de deux points de vue narratifs différents dans les deux paragraphes qui le composent. Comment Voltaire dénonce-t-il la guerre? D'abord, nous étudierons la vision idéaliste du jeune Candide, puis, nous nous intéresserons à la vision horrifiée du philosophe des Lumières. Voltaire choisit d'abord de nous faire voir la guerre par le regard de son jeune héros, la majeure partie du premier paragraphe est en focalisation interne. [...]
[...] Voltaire pour persuader efficacement ne recule devant aucun détail et décrit une humanité broyée par la machine guerrière «cervelles, bras, jambes» comme le fera plus tard Picasso dans «Guernica». Il s'agit pour le philosophe des Lumières de frapper fort pour qu'on 2 ne s'avise pas de trouver une excuse à la guerre. Voltaire dénonce donc sans ambiguïté la guerre en ridiculisant la vision édulcorée de son naïf, il fait d'une pierre deux coups, il discrédite la philosophie optimiste qui amène à excuser l'inexcusable et il condamne fermement la guerre, véritable machine à broyer l'humanité. [...]
[...] Ensuite, on note que dès le premier paragraphe, Voltaire sème des indices de la dénonciation. Dans l'énumération et la comparaison de la ligne les termes «canons» et enfer» apparaissent discordants et surprennent comme autant de fausses notes dans «l'harmonie». D'autre part, les chiffres donnés pour dénombrer les victimes sont tous approximatifs : de peu près» à la ligne à «environ» à la ligne «quelques milliers» «pouvait bien se monter» «trentaine» ligne ils confirment qu'en temps de guerre, la vie humaine ne pèse pas lourd, d'ailleurs, les morts sont ramenés à des objets voire à des déchets par le terme à la ligne 9. [...]
[...] Les canons renversèrent d'abord à peu près six mille hommes de chaque côté; ensuite la mousqueterie ôta du meilleur des mondes environ neuf à dix mille coquins qui en infectaient la surface. La baïonnette fut aussi la raison suffisante de la mort de quelques milliers d'hommes. Le tout pouvait bien se monter à une trentaine de mille âmes. Candide, qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux qu'il put pendant cette boucherie héroïque. Enfin, tandis que les deux rois faisaient chanter des Te Deum, chacun dans son camp, il prit le parti d'aller raisonner ailleurs des effets et des causes. [...]
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