Candide, enrôlé de force, puni cruellement pour désertion, a été gracié par le roi des Bulgares. Encore convalescent, ayant à peine retrouvé « un peu de peau », il est confronté aux horreurs de la guerre. Thème récurrent dans Candide, la guerre était le sujet d'horreur de Voltaire, tant elle ensanglantait l'Europe à l'époque. En 1756, il écrit dans la conclusion de Essai sur les moeurs : « Presque toute l'histoire est une suite d'atrocités inutiles ». Le début du chapitre III dénonce la folie des combats et, par sa virulence polémique, inscrit la guerre au premier rang des malheurs du monde.
I- Une vision optimiste de la guerre
Pour présenter le décor terrible de la guerre, Voltaire décrit Candide voyant un beau spectacle. Par ce procédé, il émeut le lecteur en présentant un tableau cruel et sans réel commentaire.
a- Les sensations visuelles et auditives
Afin d'en donner une vision optimiste, Voltaire a recours à des énumérations :
- énumération d'hyperboles renforcées par la répétition de si : "Rien n'était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées" (ligne 1). La fin est surprenante : la vision optimiste déforme la réalité.
- énumération d'instruments avec une gradation vers le plus grave, accentuée par l'effet de surprise du terme « canon » : "Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons, formaient une harmonie telle qu'il n'y en eut jamais en enfer" (lignes 2-3). L'antithèse est plutôt inquiétante, opposant cette belle harmonie à l'enfer.
b- Un véritable massacre
Cette même vision optimiste traduit la guerre comme un jeu de massacre (...)
[...] Néanmoins, il existe des philosophes dangereux qui nient le mal tels que les optimistes. L'ironie de Voltaire les tourne en dérision face au réel qui les désavoue avec des expressions qui connotent la peur et la désertion : tremblait (ligne aller raisonner ailleurs (ligne 10). La critique de la guerre Plusieurs références textuelles la traduisent : - l'oxymore teinté d'ironie boucherie héroïque (ligne 8). Voltaire se démarque des optimistes et attribue à la guerre sa valeur : une boucherie. - le paradoxe du champ religieux. [...]
[...] Ses provisions lui manquèrent quand il fut en Hollande ; mais, ayant entendu dire que tout le monde était riche dans ce pays-là, et qu'on y était chrétien, il ne douta pas qu'on ne le traitât aussi bien qu'il l'avait été dans le château de monsieur le 25 baron avant qu'il en eût été chassé pour les beaux yeux de Mlle Cunégonde. Voltaire, Candide, Chapitre III (La description de la guerre). Leste : de belle apparence, séduisant. Âme : ce mot est aussi utilisé dans les recensements pour désigner simplement les êtres humains (par opposition aux chevaux et bestiaux, eux aussi recensés). Le droit international, ou droit des gens, règle les relations d'État à État. [...]
[...] T E X T E Chapitre III Comment Candide se sauva d'entre les Bulgares, et ce qu'il devint. Rien n'était si beau, si leste si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons, formaient une harmonie telle qu'il n'y en eut jamais en enfer. Les canons renversèrent d'abord à peu près six mille hommes de chaque côté ; ensuite la mousqueterie ôta du meilleur des mondes 5 environ neuf à dix mille coquins qui en infectaient la surface. [...]
[...] Thème récurrent dans Candide, la guerre était le sujet d'horreur de Voltaire, tant elle ensanglantait l'Europe à l'époque. En 1756, il écrit dans la conclusion de Essai sur les mœurs : Presque toute l'histoire est une suite d'atrocités inutile Le début du chapitre III dénonce la folie des combats et, par sa virulence polémique, inscrit la guerre au premier rang des malheurs du monde. Une vision optimiste de la guerre Pour présenter le décor terrible de la guerre, Voltaire décrit Candide voyant un beau spectacle. [...]
[...] Un véritable massacre Cette même vision optimiste traduit la guerre comme un jeu de massacre : - la froideur du récit signale l'optimisme comme faussant manifestement le jugement jusqu'à l'insensibilité. Ayant recours à l'imprécision et à la légèreté, Voltaire utilise une syntaxe répétitive avec trois phrases dénombrant les morts : Les canons renversèrent d'abord à peu près six mille hommes de chaque côté ; ensuite la mousqueterie ôta du meilleur des mondes environ neuf à dix mille coquins qui en infectaient la surface. [...]
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