I- Un pays d'accès difficile : lignes 1 à 29
Dès le début du chapitre, les deux personnages sont indécis et inquiets : Candide, toujours soucieux de Cunégonde, veut poursuivre (Mais comment se résoudre à quitter la partie du monde que Mlle Cunégonde habite ?, lignes 6-7) alors que Cacambo souhaite rentrer (retournons en Europe par le plus court, lignes 2-3).
Puis Cacambo suggère d'aller à Cayenne (ligne 8), dont on notera que le lieu fait référence à la religion : Dieu aura peut-être pitié de nous (ligne 9). La route est longue et s'effectue en trois étapes, toutes aussi difficiles les une que les autres.
a- Une première à cheval et à pied : lignes 10 à 15
L'énumération des montagnes, des fleuves, des précipices, des brigands, des sauvages (lignes 11-12) de même que l'hyperbole de terribles obstacles (ligne 12) témoignent de la difficulté de cette première étape.
De plus la pénibilité du voyage est majorée par des conditions extrêmes, le décès des chevaux et la carence de nourriture : Leurs chevaux moururent de fatigue ; leurs provisions furent consumées (lignes 12-13), les obligeant à se nourrir un mois entier de fruits sauvages (lignes 13-14).
b- Une deuxième dans un canot : lignes 16 à 25
Leur endurance est mise à rude épreuve et ils en arrivent même à exprimer leur découragement : Nous n'en pouvons plus, nous avons assez marché (ligne 17). Cacambo va apercevoir un canot et avoir la lucidité d'y mettre de la nourriture (lignes 16 à 21), témoignant son rôle de « moteur » de l'expédition.(...)
[...] Cacambo, qui donnait toujours d'aussi bons conseils que la vieille, dit à Candide : Nous n'en pouvons plus, nous avons assez marché ; j'aperçois un canot vide sur le rivage ; emplissons-le de cocos, jetons-nous dans cette petite barque, laissons-nous aller au courant ; une rivière mène toujours à quelque endroit habité. Si nous ne trouvons pas 20 des choses agréables, nous trouverons du moins des choses nouvelles. - Allons, dit Candide, recommandons-nous à la Providence. Ils voguèrent quelques lieues entre des bords tantôt fleuris, tantôt arides, tantôt unis, tantôt escarpés. La rivière s'élargissait toujours ; enfin elle se perdait sous une voûte de rochers épouvantables qui s'élevaient jusqu'au ciel. Les deux voyageurs eurent 25 la hardiesse de s'abandonner aux flots sous cette voûte. [...]
[...] 10) Magister : maître d'école. ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction Né en 1694, François Marie Arouet, dit Voltaire, est un des grands hommes du mouvement des Lumières. Écrivain philosophe provocateur et ironique, il utilise ses œuvres pour critiquer avec ironie la société de son temps, la guerre, l'Église Il fait partie des philosophes des Lumières et écrit de nombreuses œuvres de divers genres, notamment les Lettres philosophiques en 1734. Candide, joyau le plus célèbre de l'œuvre de Voltaire, est un conte philosophique paru en 1759, sans nom d'auteur et avec toutes sortes de ruses qui à la fois cachent et révèlent qu'il en est l'auteur. [...]
[...] Le fleuve, resserré en cet endroit, les porta avec une rapidité et un bruit horrible. Au bout de vingt-quatre heures ils revirent le jour ; mais leur canot de fracassa contre les écueils ; il fallut se traîner de rocher en rocher pendant une lieue entière ; enfin ils découvrirent un horizon immense, bordé de montagnes inaccessibles. Le pays était cultivé pour le plaisir comme pour le 30 besoin ; partout l'utile était agréable. Les chemins étaient couverts ou plutôt ornés de voitures d'une forme et d'une matière brillante, portant des hommes et des femmes d'une beauté singulière, traînés rapidement par de gros moutons rouges qui surpassaient en vitesse les plus beaux chevaux d'Andalousie de Tétuan et de Méquinez Voilà pourtant, dit Candide, un pays qui vaut mieux que la Westphalie. [...]
[...] En témoignant la seule possibilité d'arriver à Eldorado en se jetant à l'eau, Voltaire fait référence aux Enfers de l'Antiquité (rivière Styx). Mais même à l'eau, le chemin n'est guère plus simple : La rivière s'élargissait toujours ; enfin elle se perdait sous une voûte de rochers épouvantables qui s'élevaient jusqu'au ciel (lignes 23-24). La difficulté est alors soulignée par l'anaphore de tantôt : Ils voguèrent quelques lieues entre des bords tantôt fleuris, tantôt arides, tantôt unis, tantôt escarpés (lignes 22-23). [...]
[...] dit Candide, et où aller ? Si je vais dans mon pays, les Bulgares et les Abares y égorgent tout ; si je retourne en Portugal, j'y 5 suis brûlé ; si nous restons dans ce pays-ci, nous risquons à tout moment d'être mis en broche. Mais comment se résoudre à quitter la partie du monde que Mlle Cunégonde habite ? - Tournons vers la Cayenne dit Cacambo : nous y trouverons des Français, qui vont par tout le monde ; ils pourront nous aider. [...]
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