Antoine Vitez (1930-1990) est un metteur en scène et un personnage influent du théâtre français d'après guerre, notamment pour son enseignement du théâtre. Il tente, à travers son recueil Le Théâtre des idées de réécrire la pièce écrite par Racine en 1677, Phèdre. L'extrait se situe donc au moment où Phèdre fait son aveu à sa confidente Oenone sur son amour incestueux pour Hippolite. Le commentaire de Vitez témoigne de son engagement artistique et de toutes ses idées qui vont transformer la pièce. Nous allons donc étudier comment il réécrit la pièce, en observant tout d'abord comment cette mise en scène est au service du personnage, puis les aspects propres au travail du metteur en scène.
Tout d'abord, Vitez veut montrer que Phèdre est enfermée sur elle-même. En effet, il la met au milieu d'un « cercle » l-2, ce qui rappelle premièrement le théâtre antique dans lequel on faisait des sacrifices à l'intérieur du cercle formé par la scène, et deuxièmement cela rappelle une prison de laquelle elle ne peut sortir car ce cercle est une figure géométrique régulière et indéfinie (il n'y a ni début ni fin). De plus, « les yeux fermés très serrés » l-6 montre qu'elle ne veut pas voir son destin, elle nie son inceste et donc refuse toute culpabilité. A la même ligne, « elle marche en tous sens » montre sa folie, le désespoir dans lequel elle est plongée, mais surtout qu'elle se constamment dans ce cercle : son sacrifice est constant. Enfin, la tournure négative de la ligne 2 « elle n'entre pas » associée à « Oenone la pousse en avant » l-6 signifie que ce n'est pas elle mais Oenone qui est responsable de cet aveu qui l?entraîne à sa mort. (...)
[...] Les épanorthose lignes 2 et 10 signifient que l'auteur se reprend et que la réécriture est constante, et enfin on observe une anaphore ligne 1-4,figure d'insistance qui accentue le fait que Phèdre est jeune mais faible et enfermée dans sa souffrance avec le cercle. La réécriture est donc constante et bien sûr elle est influencée par les interventions des comédiens, qui lui permettent de se corriger. Enfin, un metteur en scène tient toujours compte du point de vue des spectateurs et cela se ressent ici. Revenons à l'étymologie même du mot : Spectare signifie celui qui regarde. [...]
[...] Oenone la pousse en avant, alors elle marche en tous sens, les yeux fermés très serrés. Elle ne veut pas voir, Oenone la regarde d'un air méchant. Et nous voulons entendre Oenone telle seulement que Phèdre l'entend, et Mourez donc comme un ordre, pas comme un effet de rhétorique Ainsi Oenone lui ordonne de mourir car elle sait, Phèdre en tout cas croît qu'elle sait tout d'avance. En vérité elle sait ; dans la tragédie, même si les personnages ne savent rien, le poète sait pour eux et anticipe et distribue dans le texte de la récitation les mots annonciateurs. [...]
[...] Antoine Vitez Le Théâtre des idées Antoine Vitez (1930-1990) est un metteur en scène et un personnage influent du théâtre français d'après guerre, notamment pour son enseignement du théâtre. Il tente, à travers son recueil Le Théâtre des idées de réécrire la pièce écrite par Racine en 1677, Phèdre. L'extrait se situe donc au moment où Phèdre fait son aveu à sa confidente Oenone sur son amour incestueux pour Hippolite. Le commentaire de Vitez témoigne de son engagement artistique et de toutes ses idées qui vont transformer la pièce. [...]
[...] Ce texte assez inhabituel montre l'aspect représentation de Phèdre, c'est un texte de travail dans lequel le narrateur n'est plus un metteur en scène mais un écrivain. On pourrai rapprocher ce texte de la mise en scène de Jean-Louis Barrault (aussi disponible sur oodoc.com) sur l'acte II scène 5 de cette même pièce, dans laquelle chaque effet concoure à la recherche de la symbolique de l'œuvre. Texte étudié : Antoine Vitez, Le Théâtre des idées Elle a vingt ans. Elle entre (elle n'entre pas, car nous sommes assis en cercle, plutôt elle se lève dans le cercle). [...]
[...] A la même ligne, elle marche en tous sens montre sa folie, le désespoir dans lequel elle est plongée, mais surtout qu'elle se constamment dans ce cercle : son sacrifice est constant. Enfin, la tournure négative de la ligne 2 elle n'entre pas associée à Oenone la pousse en avant l-6 signifie que ce n'est pas elle mais Oenone qui est responsable de cet aveu qui l‘entraîne à sa mort. Phèdre, selon Vitez, est aussi enfermée dans sa souffrance puisque l'énumération du comportement que doit adopter la comédienne montre qu'elle doit être hystérique, sans aucun contrôle sur elle-même, et jouer un jeu double l-16, ce qui signifie qu'elle doit aussi faire paraître le destin qui l'accable sur son visage. [...]
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