Virgile, "Enéide", Livre IV, v. 522-552, L'errance et les sombres pensées de Didon
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Un tableau nocturne de la nature endormie
Le « nox erat » initial indique le passage à une nouvelle étape dans le récit (nuits et jours structurant traditionnellement le temps épique) : l'évocation des invocations magiques de Didon cède la place, avec l'arrivée de la nuit, à une description de la nature environnante (...)
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Situation du texte Texte Vocabulaire Construction et traduction
Introduction
A. Un diptyque qui joue sur un effet de contraste, au service d'une mise en valeur de la passion de Didon 1. Un tableau nocturne de la nature endormie 2. En contraste avec la description et le monologue délibératif d'une femme furieuse B. Une scène tragique : le choix nocturne de la mort 1. Le sommeil de la nature comme une préfiguration tragique de la mort (prolepse tragique) 2. La décision tragique de Didon 3. Les autres éléments tragiques C. Un dénouement qui confère une dignité tragique au personnage de Didon 1. De la passion amoureuse à la raison d'État : le choix noble du sacrifice 2. De la déraison à la lucidité tragique : la reconnaissance de la faute et du destin 3. La noblesse tragique
Conclusion
Texte étudié
Nox erat et placidum carpebant fessa soporem Corpora per terras ; silvaeque et saeva quierant Aequora, cum medio volvuntur sidera lapsu, Cum tacet omnis ager, pecudes pictaeque volucres, Quaeque lacus late liquidos, quaeque aspera dumis Rura tenent, somno positae sub nocte silenti. Lenibant curas et corda oblita laborum. At non infelix animi Phoenissa, neque umquam Solvitur in somnos oculisve aut pectore noctem Accipit ; ingeminant curae, rursusque resurgens Saevit amor, magnoque irarum fluctuat aestu. Sic adeo insistit secumque ita corde volutat : « En quid ago ? Rursusne procos inrisa priores Experiar Nomadumque petam conubia supplex, Quos ego sim totiens jam dedignata maritos ? Iliacas igitur classes atque ultima Teucrum Jussa sequar ? Quiane auxilio juvat ante levatos Et bene apud memores veteris stat gratia facti ? Quis me autem, fac velle, sinet ratibusve superbis Invisam accipiet ? Nescis, heu, perdita, necdum Laomedonteae sentis perjuria gentis ? Quid tum ? Sola fuga nautas comitabor ovantis ? An Tyriis omnique manu stipata meorum Inferar et, quos Sidonia vix urbe revelli, Rursus agam pelago et ventis dare vela jubebo ? Quin morere ut merita es, ferroque averte dolorem. Tu lacrimis evicta meis, tu prima furentem His, germana, malis oneras, atque obicis hosti. Non licuit thalami expertem sine crimine vitam Degere more ferae, talis nec tangere curas ! Non servata fides cineri promissa Sychaeo !
Situation du texte Texte Vocabulaire Construction et traduction
Introduction
A. Un diptyque qui joue sur un effet de contraste, au service d'une mise en valeur de la passion de Didon 1. Un tableau nocturne de la nature endormie 2. En contraste avec la description et le monologue délibératif d'une femme furieuse B. Une scène tragique : le choix nocturne de la mort 1. Le sommeil de la nature comme une préfiguration tragique de la mort (prolepse tragique) 2. La décision tragique de Didon 3. Les autres éléments tragiques C. Un dénouement qui confère une dignité tragique au personnage de Didon 1. De la passion amoureuse à la raison d'État : le choix noble du sacrifice 2. De la déraison à la lucidité tragique : la reconnaissance de la faute et du destin 3. La noblesse tragique
Conclusion
Texte étudié
Nox erat et placidum carpebant fessa soporem Corpora per terras ; silvaeque et saeva quierant Aequora, cum medio volvuntur sidera lapsu, Cum tacet omnis ager, pecudes pictaeque volucres, Quaeque lacus late liquidos, quaeque aspera dumis Rura tenent, somno positae sub nocte silenti. Lenibant curas et corda oblita laborum. At non infelix animi Phoenissa, neque umquam Solvitur in somnos oculisve aut pectore noctem Accipit ; ingeminant curae, rursusque resurgens Saevit amor, magnoque irarum fluctuat aestu. Sic adeo insistit secumque ita corde volutat : « En quid ago ? Rursusne procos inrisa priores Experiar Nomadumque petam conubia supplex, Quos ego sim totiens jam dedignata maritos ? Iliacas igitur classes atque ultima Teucrum Jussa sequar ? Quiane auxilio juvat ante levatos Et bene apud memores veteris stat gratia facti ? Quis me autem, fac velle, sinet ratibusve superbis Invisam accipiet ? Nescis, heu, perdita, necdum Laomedonteae sentis perjuria gentis ? Quid tum ? Sola fuga nautas comitabor ovantis ? An Tyriis omnique manu stipata meorum Inferar et, quos Sidonia vix urbe revelli, Rursus agam pelago et ventis dare vela jubebo ? Quin morere ut merita es, ferroque averte dolorem. Tu lacrimis evicta meis, tu prima furentem His, germana, malis oneras, atque obicis hosti. Non licuit thalami expertem sine crimine vitam Degere more ferae, talis nec tangere curas ! Non servata fides cineri promissa Sychaeo !
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Extraits
[...] Virgile, L'Énéide, livre IV, vers 522 à 552 I. SITUATION DU TEXTE : Tandis que Énée fait à son hôtesse le récit de sa fuite et de ses pérégrinations vers l'Hespérie Vénus, provisoirement en accord avec Junon, fait naître en Didon un amour passionné pour Énée. Sur les conseils de sa sœur Anna, la reine cède à sa passion pour le Troyen, en qui elle croit trouver un compagnon susceptible de partager avec elle la royauté. Celui-ci oublie un moment sa mission dans les bras de la Phénicienne. [...]
[...] Quiane auxilio juvat ante levatos Et bene apud memores veteris stat gratia facti ? 540 Quis me autem, fac velle, sinet ratibusve superbis Invisam accipiet ? Nescis, heu, perdita, necdum Laomedonteae sentis perjuria gentis ? Quid tum ? Sola fuga nautas comitabor ovantis ? An Tyriis omnique manu stipata meorum 545 Inferar et, quos Sidonia vix urbe revelli, Rursus agam pelago et ventis dare vela jubebo ? Quin morere ut merita es, ferroque averte dolorem Tu lacrimis evicta meis, tu prima furentem His, germana, malis oneras, atque obicis hosti Non licuit thalami expertem sine crimine vitam Degere more ferae, talis nec tangere curas ! [...]
[...] situation avant le texte. Problématique de lecture : cet extrait, qui commence par une description (de la nature puis de l'attitude de Didon, v.522-533) et continue par un monologue (dans lequel elle délibère sur l'attitude à adopter, v.534-552), peut passer pour une pause dans la narration épique et poser problème : comment ce passage peut-il s'intégrer dans l'épopée, genre éminemment dramatique ? Pourquoi Virgile fait-il se succéder cette description et ce monologue ? Quelle est l'unité de ce diptyque ? I. [...]
[...] magnoque irarum aestu Didon est femme et se définit par son statut d'épouse, de veuve ou d'amante (cf. conubia maritos thalami expertem : en faisant d'elle la figure centrale du livre IV, Virgile se rapproche de l'univers tragique, qui donne une grande place aux héroïnes féminines (cf. Antigone, Médée, Hécube, Phèdre, Andromaque, Bérénice, Comme elles, Didon a un statut royal et une passion violente + solitude. Enfin, comme elles, Didon livre son secret à une confidente : ici Anna joue ce rôle. [...]
[...] : étoile, astre (sidéral, sidérer = subir l'influence funeste des astres) volvo, is, ere, volvi, volutum : rouler, faire rouler (volute, marque Volvo) taceo, es, ere, cui, citum : se taire, garder le silence (taciturne, tacite) pecus, udis, f. : bête, animal volucris, cris, f. : oiseau pictus, um (part. de pingo) : coloré lacus, us, m. : lac, étang liquidus, um : fluide, clair, limpide late (adv.) : sur un large espace, avec une large étendue asper, era, erum : hérissé (âpre) dumus, m. : buisson rus, ruris, n. : campagne (rural) pono, is, ere, posui, positum : poser, placer, installer lenio, is, ire, ii ou ivi, itum : adoucir, alléger, calmer (lénifiant) cor, cordis, n. [...]