La vie antérieure, poème extrait des Fleurs du Mal de Charles Baudelaire, s'intègre plus précisément à la section "Spleen et Idéal" du recueil où l'auteur oscille entre noirceur et beauté, nostalgie d'un idéal et mélancolie face à la souffrance de la réalité. Dans ce sonnet classique, on pourra voir par quels moyens, tout d'abord, est peinte l'image d'un bonheur exotique où prédominent sensualité et volupté; comment ensuite, ce bonheur qui place le poète dans une situation centrale et privilégiée, est caractéristique d'une nature transfigurée, vue à la fois comme une harmonie esthétique et spirituelle; comment enfin, le "secret" introduit une dissonance et une fêlure dans cet univers heureux et concordant (...)
[...] On passe des portiques, éléments de la civilisation, de l'urbanité classique à la grotte sauvage et maritime. En effet, le rêve est celui d'un décor marin. L'ordre est aussi suggéré par le fait que tout est à sa place : le décor, les esclaves, le je. Le rythme du poème est régulier, le plus souvent ternaire. La forme et les vers en étaient déjà classiques et permettaient de soutenir un développement harmonieux. La beauté est très liée à l'ordre. Pour le poète, ce qui est ordonné et harmonieux est beau. [...]
[...] La beauté est l'harmonie. La présence de la musique s'explique alors puisque l'harmonie est un terme musical. Le deuxième quatrain mime une musique par les sonorités harmonieuses des mots, les allitérations des liquides "houles, roulant, mêlaient, solennité . les allitérations en qui introduisent une certaine douceur, assonances en son qui se prolonge dans un écho. Les métaphores sont aussi significatives et nous pouvons noter que la transfiguration est totale par rapport au premier quatrain car nous passons de la comparaison à une série d'images métaphoriques "les boules roulent et mêlent" c'est-à-dire lient les éléments entre eux. [...]
[...] Conclusion Ce sonnet montre à quel point la vision de l'idéal relève pour Baudelaire d'images esthétiques, auxquelles plusieurs références mythiques (l'Eden, antérieur au péché, l'exotisme) prêtent leur appui. Il est également remarquable par la dissonance entre la somptuosité calme de la forme et la souffrance qu'évoque le dernier tercet, de façon si inattendue. Il est enfin, par là, représentatif de la poésie baudelairienne qui lie secrètement le malheur à la beauté, qui fait se côtoyer les deux sentiments antinomiques de la nostalgie et de la mélancolie, du spleen vécu à l'idéal fantasmé, rêvé. [...]
[...] Il est le maître mais ses soucis font de lui un esclave. Cette angoisse est bien amenée par la syntaxe du poème. Le dernier tercet ne commence par une phrase comme les autres strophes mais finit le vers du premier tercet de sorte que la rupture au sein même de cette continuité sera plus inquiétante et sournoise. La continuité entre le paysage extérieur de rêve et le paysage mental et intérieur infernal du poète est mieux suggérée si on ne rompt pas le lien entre les deux tercets : elle signifie aussi que l'idéal n'était pas atteint puisque ce secret menaçait le rêve. [...]
[...] C'est lui qui bénéficie de la générosité de la nature. Le est l'incipit du poème et est présent sur chaque strophe. Il est l'hôte de la beauté architecturale longtemps habité sous de vastes portiques"). Le entre dans le système du reflet : puisque les couleurs du couchant sont "reflétées" par ses yeux, le regard, qui saisit la beauté de tout ce spectacle, devient lui-même élément de beauté reflétant - reflétée. La rime "cieux"-"yeux" souligne l'analogie parfaite du moi et du monde. [...]
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