Victor Segalen, "Stèles", Conseils au bon voyageur : commentaire

Résumé du document

Que ce soit nature, ou bien paysages aménagés par les hommes, tous deux sont sources d'expérience pour le voyageur et sont complémentaires. Segalen cherche à montrer tout au long de ce poème la nécessité de ne pas les dissocier (...)

Extraits

[...] De plus, Segalen fait dans Conseils au bon voyageur l'éloge de la mobilité et du mouvement. C'est selon l'auteur, le principe d'un bon voyage : être en mouvement. Pour Segalen, le voyageur doit être mobile, curieux, et s'intéresser à toutes sortes de choses. Le principe du choix ne doit pas avoir lieu, le voyage, s'il veut être bon enrichissant, se doit d'être exhaustif, comme l'annonce de première strophe : Ville au bout de la route et route prolongeant la ville : ne choisit donc pas que l'une ou l'autre, mais l'une et l'autre bien alternées Cet éloge de la mobilité se renforce par l'importance des verbes et des adjectifs de mouvement alternées sauter opposition entre repose-toi et daigne revenir sans arrêt et par l'importance du conseil garde-toi bien d'élire un asile souligné par la forte assonance en i Néanmoins, l'expression Ne crois pas à la vertu d'une vertu durable évoque l'impossibilité de concevoir une chose comme durable soit immobile, sans changement. [...]

[...] La facilité ne peut pas mener à la vraie vie et à la connaissance de soi. Dans ce poème, on veut montrer aux voyageurs qu'il ne faut pas avoir de l'inconnu dans le but de mieux se connaître soi-même. C'est notamment ce qu'évoque la métaphore venant rompre la stabilité de la vertu : romps-la de quelque forte épice qui brûle et morde et donne un goût même à la fadeur. Les verbes brûler et mordre évoquent un certain danger lorsqu'on tente de briser la fadeur de sa vie et de soi-même et que l'on veut chercher cette flamme qui nous anime et cette étincelle qui brûle en soi. [...]

[...] Conclusion Ce poème, bien plus qu'une simple série de conseils aux voyageurs, évoque métaphoriquement un voyage existentiel, une quête de soi ne pouvant aboutir que grâce à la diversité des expériences, à la mobilité et à l'affrontement des difficultés. Ce poème illustre bien la poétique de la diversité mise en œuvre par Segalen dans Stèles tant par sa composition, mêlant différents modes énonciatifs allant de la description à l'injonction, que par sa virtuosité stylistique qui permet de relier habilement et absolument éléments naturels et constructions humaines ou voyage réel et voyage intérieur. [...]

[...] Segalen cherche à montrer tout au long de ce poème la nécessité de ne pas les dissocier. Nombreux sont les termes faisant référence à la civilisation et à la nature et ceux-ci s'opposent : route et ville dans la première strophe peuvent s'opposer à plaine et montagne dans la seconde. A cela s'ajoute également différents procédés stylistiques évoquant un enchevêtrement nécessaire des éléments naturels et humains : Tout d'abord la présence de chiasmes, l'un dès la première ligne du poème et le second dès la première ligne de la troisième strophe ville au bout de la route et route prolongeant la ville Repose-toi du son dans le silence et, du silence, daigne revenir au son. [...]

[...] Le but du poème est donc clairement explicité : conseiller un bon voyageur Par ailleurs, la composition du poème le présente véritablement comme un guide très complet adressé au marcheur. Le poème est divisé en trois temps différents : le premier traire de la diversification des paysages et se déroule le long des deux premiers paragraphes (route prolongeant la ville, montagne, roches). Le second est celui du conseil à proprement parlé ; il est présent dans les paragraphes trois et quatre (tous deux commencent d'ailleurs par des impératifs Repose-toi Garde bien Enfin, le troisième temps est celui du bilan, des conséquences et des promesses du voyage si le voyageur à suivi comme il le fallait les conseils du poète (notamment, ce dernier paragraphe débute par l'adverbe ainsi qui connote le raisonnement, et sert à l'ouverture de la conclusion). [...]