Lorsque Victor Hugo écrit le recueil de poèmes les Châtiments autour de 1850, il se trouve en exil suite à l'accession au pouvoir de Napoléon III. Dans ce recueil, le poète fait entendre sa voix contre le régime impérial : le premier poème du recueil, Nox, évoque le passé, le coup d'état de Napoléon Ier et la dictature, tandis que le poème qui clôt le recueil, Lux, évoque le futur, la lumière et la liberté (...)
[...] Les allitérations en (tour, roi, rire) expriment le caractère irritant de sa réaction. Dans le vers "au premier tour qu'il fit le roi se mit à rire", le rire du roi est bien présenté comme déclenché par l'action de Josué: tandis que le verbe faire est conjugué, le verbe rire est à l'infinitif. Le poète est acteur et mène le jeu. L'expression "premier tour" indique bien que Josué n'a pas dit son dernier mot. En effet, au vers suivant, introduit par "au second tour", le roi n'est même plus sujet: "il lui fit dire" et son action est encore une fois à l'infinitif. [...]
[...] Il se montre trop sûr de lui. Les allitérations en (renverser, ville, vent) sont agressives, méprisantes. Le mot "vent" est ironiquement placé face au mot "ville" et au verbe "renverser". Mais l'image du vent est symbolique: le vent est un élément naturel, opposé à la ville construite par l'homme. C'est un élément qui peut se révéler d'une extrême puissance malgré son apparence légère et impalpable. De plus, tel les idées, les mots, les poèmes, il s'engouffre partout. Le vent est donc la force subversive qui peut mettre à bas la tradition, l'ordre établi, la force, la dictature symbolisés par la ville. [...]
[...] Le personnage est également qualifié de "prophète irrité". L'irritation de Josué n'appartient pas au contexte biblique : elle est le reflet de celle de Hugo. En effet, le terme de "prophète" est bien en adéquation avec l'image du poète exprimée par Victor Hugo: un homme guidé par Dieu, un créateur de mythes, un homme qui donne un sens à l'Histoire; en l'occurrence avec l'idée d'un progrès traduit dans le futur par l'avènement de la République et l'abolition de la violence. [...]
[...] La victoire finale Enfin, le dernier vers la septième fois, les murailles tombèrent") constitue la chute du poème: la victoire de Josué, du poète. Cette chute constitue une rupture brutale avec le reste du poème: le passé simple "tombèrent" rompt avec l'imparfait et les répétitions des vers précédents. La musique, c'est-à-dire la voix et la persévérance du poète, a été plus forte que la foudre. On a l'impression que le son, par un système d'ondes, a mis à bas la vieille muraille. [...]
[...] Commentaire linéaire du poème "Sonnez, sonnez toujours, clairons de la pensée", extrait des Châtiments de Victor Hugo (Livre VII, Sonnez, sonnez toujours, clairons de la pensée. Quand Josué rêveur, la tête aux cieux dressée, Suivi des siens, marchait, et, prophète irrité, Sonnait de la trompette autour de la cité, Au premier tour qu'il fit, le roi se mit à rire ; Au second tour, riant toujours, il lui fit dire : "Crois-tu donc renverser ma ville avec du vent A la troisième fois l'arche allait en avant, Puis les trompettes, puis toute l'armée en marche, Et les petits enfants venaient cracher sur l'arche, Et, soufflant dans leur trompe, imitaient le clairon ; Au quatrième tour, bravant les fils d'Aaron, Entre les vieux créneaux tout brunis par la rouille, Les femmes s'asseyaient en filant leur quenouille, Et se moquaient, jetant des pierres aux hébreux ; A la cinquième fois, sur ces murs ténébreux, Aveugles et boiteux vinrent, et leurs huées Raillaient le noir clairon sonnant sous les nuées A la sixième fois, sur sa tour de granit Si haute qu'au sommet l'aigle faisait son nid, Si dure que l'éclair l'eût en vain foudroyée, Le roi revint, riant à gorge déployée, Et cria : "Ces hébreux sont bons musiciens Autour du roi joyeux riaient tous les anciens Qui le soir sont assis au temple, et délibèrent. [...]
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