Paul Verlaine poursuit dans son troisième recueil La bonne chanson, après les Poèmes saturniens (1866) et les Fêtes galantes (1869), ses recherches symbolistes dans la lignée du courant amorcé par Baudelaire.
La musicalité et la fluidité du vers accompagnent une réflexion sur le sens caché des paysages où les ambiances influent sur les sentiments.
Le soleil du matin représente parfaitement cette recherche de symbiose entre le monde extérieur de la nature et le monde intérieur de la rêverie du poète.
La clarté d'un beau matin d'été s'harmonise avec le rêve d'amour du poète, alors fiancé à la ravissante Mathilde Mauté de Fleurville (...)
[...] Enfin un sentiment de calme provient des balancements binaires des deux verbes du vers 1 chauffé et d'or »ainsi que au vers 2 avec les seigles et les blés Ce tableau se complète par l'air vif du vers 7 qui accentue la fraîcheur; c'est un matin tonique, piquant qui va expliquer le dynamisme du poète. L'oiseau développe le thème de l'air. Enfin la terre est présente par le chemin de gazon (au vers un chemin fertile, un chemin tapissé, l'élément dominant est peut-être l'eau avec la rivière du vers 5 et le reflet dans l'eau au vers 9. L'eau traditionnellement associée à la féminité pour annoncer le thème de l'amour. [...]
[...] Il choisit le pronom on au vers 4 pour associer le lecteur à sa promenade et pur rester discret sur sa présence. C'est un promeneur nonchalant, tranquille et insouciant: l'on sort sans autre but que sortir Le poète se laisse guider par les lignes qui s'offrent à lui: celles de la rivière bordées d'un chemin; son regard est distrait sur les vagues herbes jaunes (effet de flou dans le style impressionniste). Son œil est attiré par quelques détails mobiles comme l'oiseau qui vole ou son reflet qui bouge. [...]
[...] L'expression depuis toujours solarise cette rencontre miraculeuse de même que la nuance sérieuse et plaisante du verbe pleurer Conclusion: En conclusion, Verlaine brouille ici les cartes de la poésie amoureuse en ouvrant son poème sur un simple paysage mais les résonances et les correspondances qui vont s'établir avec son amour tout intérieur permettant de trouver une unité et une logique dans le paysage du visuel à la vision, le passage du réel ou rêve. Peut-être que la métaphore de la promenade symbolise un chemin intellectuel, un parcours mental qui va de l'observation à la réflexion de la sensation vers les endroits du présent au futur. [...]
[...] La fraîcheur d'un paysage naturel L'harmonie des éléments Le paysage de champs évoqué par Verlaine réussit l'équilibre des quatre éléments: -le feu apporté par le soleil n'est pas trop fort (Doucement chauffe et dore). Nous sommes dans cette période du matin où la rosée cède le pas aux premières tiédeurs du matin d'ailleurs celle-ci est présente aux vers deux et trois. Or pourrait-on dire que Verlaine prend soin de corriger une sensation par son contraire, les mots soleil, et chauffe sont tempérés par les mots fraîcheur et nuit c'est un jeu d'antithèse, peut être peut-on y voir un chiasme (association croisée) entre les vers 1 et 3 (soleil, nuit fraîcheur, chauffe). [...]
[...] Quels éléments séduisent le poète? L'harmonie miraculeuse à cette heure parfaite du matin d'été, un sentiment de fertilité d'une nature généreuse où l'eau est abondante (la fertilité annonce le thème de la femme); c'est un tableau plaisant où les valeurs s'équilibrent et les détails sont biens vivants, on peut me penser à une personnification des vieux aunes, comme des vielles personnes ou des sentinelles. II) Une vision angélique La continuité des sensations du poète Bien qu'il passe sur un plan intérieur, on retrouve au vers 11 la claire douceur du paysage précédent fusionnant avec la blanche apparition du vers 14 mais le vocabulaire devient plus abstrait et surtout plus religieuses (apparition de Jésus sous la forme d'esprit saint). [...]
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