Dans sa trilogie autobiographique - L'Enfant, Le Bachelier, L'Insurgé - Jules Vallès exprime sa haine du conformisme, de toute autorité, et particulièrement de l'école. Le texte que nous avons à étudier est extrait du 11ème chapitre de L'Enfant, intitulé « Le lycée ». Le héros Jacques Vingtras a trébuché dans les jambes d'un surveillant, et celui-ci, sous le choc, a cassé une fiole d'alcool qu'il cachait sous sa veste. Puni, Vingtras est seul dans la salle d'étude où l'a enfermé le surveillant. Mais loin de trouver le temps long, il découvre Robinson Crusoé : s'opère alors la magie de la lecture (...)
[...] Aussi remarquons-nous la présence d'un champ lexical des sensations : me voilà ( . ) devant sens de la vue), j'en vois je m'écorche (sens du toucher), je regarde mes yeux mon regard le cou brisé la faim me vient j'entends »(sens de l'ouie). Ainsi, Jacques Vingtras est abandonné, affamé, courbaturé, sensible au moindre bruit. Fait prisonnier par le surveillant, il vit la scène sur le plan sensoriel et souffre physiquement. Seule la découverte de Robinson Crusoé de Daniel Defoe permet à Jacques d'oublier cet environnement austère, cette prison privée de toute humanité. [...]
[...] Il s'est noyé dans la lecture, d'où les interrogations : Combien de temps . quelle heure est-il ? Suit une deuxième ellipse temporelle : J'ai le coup brisé Mais contrairement à la première, celle-ci montre que le héros s'est endormi sur le livre. A son réveil, alors qu'il exprime sa douleur physique, il en vient à confondre le réel avec le monde imaginaire, fictionnel de l'œuvre qu'il vient de lire ; s'opère alors la magie de la lecture. En effet, nous relevons deux comparaisons : «comme le mât du navire comme il peuplait . [...]
[...] Un texte satirique : Comme nous venons de le dire, à la fin de l'extrait, Jacques se prend pour Robinson. Cependant, n'est-il pas possible que Vallès fasse preuve ici d'ironie vis-à-vis de l'enfant qu'il a été, s'identifiant aux personnages imaginaires (lecture-identification) ? Quoiqu'il en soit, nous avons affaire à une satire de l'école. En effet, comme nous l'avons vu, elle est assimilée à une prison marquée par le manque, la décrépitude, la solitude, l'autorité. Seule la lecture permet d'oublier cet univers froid et inhumain. [...]
[...] En effet, la lecture du roman n'entraîne-t-elle pas une évasion magique du héros? II Une évasion magique par la lecture : La découverte d'un trésor : La découverte du roman s'effectue aux prix de grands efforts, à tel point qu'elle s'assimile à une véritable quête. En effet, nous n'apprenons pas tout de suite qu'il s'agit de Robinson Crusoé : Vallès crée un effet d'attente. Aussi, le roman est-il désigné tour à tour comme un livre puis un volume Apparaît enfin le titre, mis en valeur par la typographie : il figure en lettres capitales au sein d'un blanc typographique. [...]
[...] Cependant, force est de constater qu'il n'y a pas identité entre le nom du héros- narrateur Jacques Vingtras- et celui de l'auteur –Jules Vallès. Certes, nous pouvons remarquer l'identité des lettres initiales et finales de ces noms ; il n'en reste pas moins que cette transformation suffit à nous avertir du caractère romanesque, fictionnel, de l'œuvre. Pourtant, le récit de L'Enfant suit dans ses grandes lignes les évènements principaux de la vie de Vallès, ancrant ainsi le roman dans le réel. [...]
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