La description du canal est particulière, l'auteur nous offre l'image d'un lieu peu accueillant et symbolique. Tout d'abord, le canal frappe par sa saleté.
L'auteur utilise le verbe "étale" et l'expression "sans courant" pour décrire ce canal. Il souligne de cette manière le fait que l'eau stagne ; on peut penser que l'eau ne peut plus bouger, parce que le canal est bondé, rempli de détritus. Cette idée est confirmée lorsque que l'écrivain évoque les "eaux grasses" (...)
[...] Cette description éveille chez le lecteur différents sentiments : de la compassion pour ce jeune homme emprisonné, on a aussi envie d'aider Jacques à se libérer, une sorte de complicité naît entre lecteur et personnage, et certains se reconnaîtront sans doutes en ce jeune homme. Cette description a donc plusieurs objectifs. On peut alors se demander si ce genre de description est propre à Jules Vallès. Y en a-t-il d'autres dans l'œuvre Le Bachelier ? Dans sa trilogie autobiographique ? Ou est-ce un caractère du mouvement littéraire auquel appartient l'écrivain- le réalisme ? [...]
[...] L'enfant, Le Bachelier et L'insurgé racontent l'enfance, l'adolescence, et la vie sous la commune de Jacques Vingtras. Dans Le bachelier, Jacques Vingtras est un adolescent révolutionnaire, qui ébauche avec des amis mille et un projets enflammés. Dans l'extrait que nous allons étudier, Jacques est à Nantes, devant le quai de Richebourg. Nous étudierons tout d'abord la description de ce canal, puis nous nous pencherons sur l'expression des sentiments de Jacques Vingtras à travers la description du canal. La description du canal est particulière, l'auteur nous offre l'image d'un lieu peu accueillant et symbolique. [...]
[...] De la même façon, Jules Vallès évoque " quelques hommes (qui) rodent". Là encore, ces hommes ne peuvent pas être des travailleurs actifs, puisque l'emploi du verbe "roder" suggère que ces hommes traînent, vagabondent, tournent en rond. Ces hommes donnent "de temps en temps un coup de marteau" ; l'activité industrielle, elle aussi, fonctionne au ralenti. Enfin, ce canal est synonyme de mort. L'écrivain utilise des personnifications pour illustrer cette idée "c'est le sommeil de l'eau. C'est le sommeil de tout"; tout semble endormi, inerte, jusqu'à l'eau. [...]
[...] Noir comme la mort qui règne sur ce canal, noir comme la nuit que Jacques attend, noir comme sa tristesse ou noir comme le malheur de sa vie, ce noir représente-t-il aussi peut-être la peur de son père. Le narrateur emploie l'adjectif "noir" et le nom "navire". L'association de ces deux éléments faits très souvent penser aux pirates. Or, les pirates sont des rebelles ; Jacques cherche à se soustraire à l'autorité de son père comme un pirate s'évade sur la mer ; ce jeune homme est animé par la colère et la rébellion qui sont en contraste par rapport au calme plat qui règne sur ce "canal sans courant". [...]
[...] Jacques se sent aussi triste et banal que ce canal. Enfin, à travers cette description du canal, on devine la volonté d'être libre du narrateur. Comme nous l'avons vu précédemment, Jacques est emprisonné, bien qu'il soit au bord du canal. Il compare les mats des bateaux à de simples "perches où l'on a accroché des chemises" et les bateaux, symboles du voyage, deviennent "des tuyaux de poêle contre un mur". Tout ce qui pourrait représenter l'aventure devient banalité. Jacques ne peut pas s'évader physiquement. [...]
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