Paul Valéry est souvent présenté comme un "héritier du symbolisme" dans le sens où ce poète essayiste français a été très influencé par ses lectures de Mallarmé et de Verlaine, entre autres, et par sa tendance à inscrire sa réflexion ?métaphysique dans Mon Faust - dans une "réalité abstraite" qu'on retrouve d'ailleurs dans cette oeuvre, et à travers un style très particulier et propre à Valéry qui tient à ne pas désunir la pensée "même la plus abstraite" de la vie "même la plus vécue".
Cette atmosphère métaphorique et allégorique, voire "féerique"- comme il la qualifiera lui-même,- est néanmoins empreinte d'ironie (la demoiselle de Cristal est qualifiée de "Comédie") envers le mythe de Faust, même s'il s'agissait avant tout pour Valéry en 1940 de faire revivre les vieux personnages du mythe, en particulier ceux de Goethe (...)
[...] Puis ses chants annonçant des vérités sont pris au sérieux par Faust qui trouve la figure du solitaire assez effrayant[e]». Les vérités hurlées par le Solitaire sont des négations de tout. De la nuit d'abord nuit tu n'es rien rien, rien, rien revient comme un leitmotiv. Le firmament chante ce que l'on veut A l'un parle de Dieu A l'autre oppose un froid silence démontre que la croyance en Dieu est subjective, que l'on peut y croire ou non si l'on veut et qu'ainsi il n'y a pas de vérité absolue. [...]
[...] Pour Valéry tout essai est un théâtre d'idée et dans sa pièce, le dialogue met en scène - en la métaphorisant -l'idée principale du Solitaire qui est un testament littéraire particulier, le solitaire pouvant être interprété comme étant un double de l'auteur par sa désillusion et son pessimisme et nihilisme poussés à un degré dramatique extrême. La première réplique de Méphistophélès tu y es Moi, jamais. indique que Faust est arrivé à l'endroit où il voulait. Méphistophélès renie vouloir, ou pouvoir, arriver un jour à ce degré. je n'irai pas plus loin. [...]
[...] Ainsi nous pourrons alors ensuite mettre en lumière le pessimisme et le nihilisme criant de cette pièce. * Le titre, Le solitaire ou les Malédictions d'Univers s'inscrit d'emblée dans une dimension imaginaire. Univers est mis exergue, voire personnifié, ou sacralisé : en effet il ne s'agit pas des malédictions de l'univers mais des malédictions d' Univers comme entité importante et supérieure à l'homme. Le 1er titre cependant le solitaire donne la tonalité principale de la pièce ; tonalité que les didascalies et les descriptions confortent : un lieu très haut comme isolé. [...]
[...] L'homme à peur de penser que la vie n'est rien, et qu'il n'existe rien d'absolu, mais paradoxalement, il est émerveillé devant des sommes d'argent. Un œil suffit à la gloire infinie Je le ferme et deviens la force qui vous nie Ces vers montrent enfin qu'il suffit de peu de chose pour croire ou nier l'existence d'instances supérieures qui régiraient l'univers. Lorsque Faust tente de parler au Solitaire celui-ci s'écrie Une ordure ? Va-t-en ! L'insulte étant sûrement adressée au genre humain avant d'être adressée à Faust. [...]
[...] Faust sait d'ailleurs déjà que ce son savoir, et les potentialités de l'existence de Méphistophélès sont fort peu de choses». Cette première scène se clôt sur l'écho de la voix de Méphistophélès au plus bas plus bas plus bas et la didascalie indiquant sur plusieurs tons descendants L'image de Méphistophélès redescendant vers les enfers est suggérée par cette image littéraire. D'une manière générale, cette première scène est notable par ce jeu de langage où les croyances sont suggérées par des images métaphoriques. [...]
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