Le poète antillais et député-maire de Martinique, Aimé Césaire s'est engagé pour le combat des noirs, en travaillant notamment à la constitution d'une prise de conscience des intellectuels noirs nécessaire aux revendications des antillais et africains, et ce à travers tous ses écrits ? poèmes, pièces de théâtre, articles ? et son engagement politique.
A ce titre, en 1969, il propose une nouvelle version de la pièce de Shakespeare, La tempête, sous le titre Une tempête, l'article indéterminé signalant le fait qu'il s'agit d'une réécriture parmi beaucoup d'autres. L'adaptation d'Aimé Césaire est une actualisation du thème du pouvoir et du colonialisme et une réécriture idéologique, car Césaire fait délibérément de Prospéro un colon dénué de tout scrupule et de toute compassion, tandis que Caliban est le type même du "bon sauvage" oppressé et légitimement révolté (...)
[...] A ce titre, en 1969, il propose une nouvelle version de la pièce de Shakespeare, La tempête, sous le titre Une tempête, l'article indéterminé signalant le fait qu'il s'agit d'une réécriture parmi beaucoup d'autres. L'adaptation d'Aimé Césaire est une actualisation du thème du pouvoir et du colonialisme et une réécriture idéologique, car Césaire fait délibérément de Prospéro un colon dénué de tout scrupule et de toute compassion, tandis que Caliban est le type même du bon sauvage oppressé et légitimement révolté. [...]
[...] Cette réécriture de Shakespeare place donc les personnages sur le terrain du politique en proposant un dialogue argumentatif entre un avatar de Malcolm X et un de Martin Luther King. Cela dit, aucun consensus ni prise de partie dans cet extrait : Césaire se contente de soumettre à la réflexion du spectateur les deux principales théories des mouvements d'émancipation des noirs américains, et plus largement de toutes les minorités, afin de le faire réfléchir aux moyens d'accès à la liberté. [...]
[...] - A ce titre, pour Ariel, la lutte frontale ne sert à rien : A quoi te sert de lutter ? (p.36). Ariel reconnaît que les armes et la force de Prospéro sont pour l'instant supérieures (p.36-37). Comme pour Luther King, le combat d'Ariel est donc pacifiste : Je ne crois pas à la violence (p.37), ce que les Blacks Panthers rejetteront plus tard en bloc, comme Caliban. Toute la philosophie d'Ariel tient dans cette maxime : Ni violence, ni soumission (p.37), qui justifie ce qui paraît abominable aux yeux de Caliban, à savoir qu'Ariel demeure aux ordres de Prospéro ton obéissance, ta patience p.36) afin, de l'intérieur, d'obtenir de petites victoires : N'empêche que j'ai obtenu un premier résultat, il m'a promis ma liberté. [...]
[...] Ce chant de l'esclave traduit ainsi le manque de tout des esclaves, à qui l'on vole tout moyen de subsistance Qui mange son maïs [ ] et toute la part il prend Ne lui offrez pas de siège ! A votre guise ! c'est sur votre nez qu'il prendra assise ! Le toit, il le prend de force p.35). tout ce qui est produit maïs tout bien (le siège le toit appartient au maître. Le Maître (p.36) Prospéro est dans la chanson assimilé à Shango dieu vaudou du Bénin, équivalent de Zeus, dieu de la foudre et du tonnerre, caractérisé par son goût pour la vengeance et son tempérament instable dans les légendes ouest-africaines. [...]
[...] La parole du colon suffit à Ariel, tandis que Caliban exige des actes comme preuve. De ce fait, l'argument n'est pas valable aux yeux de ce dernier. - Toute la force d'Ariel réside en fait dans sa foi en l'homme et dans l'avenir, tandis que Caliban est désabusé et se place dans le présent. De ce point de vue, effectivement, les méthodes sont diamétralement opposées. Ainsi Ariel est plein d'espoir : il vit dans la promesse dans le à terme (p.36), un jour (p.39) ; il est prêt à attendre jusqu'à ce que [Prospéro] reconnaisse ; il exprime sans arrêt le but pour trois fois dans la dernière réplique d'Ariel p.37) ; c'est le rêve qui le fait avancer, sans quoi l'humanité périrait d'asphixie (p.38). [...]
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