Didier Van Cauwelaert a beaucoup d'humour. La narrateur nous met face à des sujets difficiles et qui pourraient être pénibles et les soulève avec légèreté. Il ne s'agit pas de fatalisme mais plutôt d'une acceptation des épreuves de la vie et d'un simple désir de vivre, sans grande ambition, et sans apitoiement.
Jamais, malgré les épreuves et les déceptions, il ne souhaite mourir. Durant le passage le plus violent du roman, pendant son arrestation en France, il dit d'ailleurs (...)
[...] Cela nous fait un peu de peine. C'est vrai, on aurait bien aimé pouvoir en faire quelque chose, de ce Jean-Pierre. Et finalement, on ose en rire, et on partage enfin nous-mêmes la philosophie d'Aziz, on rit de choses qui auraient peut- être dû nous faire de la peine, et cela sans méchanceté aucune. Lorsque Jean-Pierre, à travers ses notes, recherche la subtilité et l'élégance du langage, c'est d'autant plus risible et tortueux. Les styles se mélangent et se juxtaposent. [...]
[...] Pour la même raison, il adopte aussi le terrain neutre quand il est question des bagarres entre jeunes de la cité. Pas vraiment gitan ? Pas arabe non plus ? Il n'est pas non plus français puisqu'il n'a pas de papiers. Si les gens ont besoin d'un faux papier pour se rendre compte que je suis français, je préfère rester arabe. J'ai ma fierté. Cette remarque est particulièrement frappante, pleine d'humour encore une fois, et c'est une manière légère de soulever et conclure un thème particulièrement délicat et douloureux. [...]
[...] Personne ne manifeste d'impatience à l'idée du voyage qui dure, de l'objectif officiel qu'on devra bien se résoudre à abandonner un jour. Jean-Pierre : Il veut gagner du temps avec Valérie. Plus ils mettront du temps à trouver Irghiz et plus longtemps il pourra se détourner de ses responsabilités et de ses soucis. Pendant, tout le temps qu'il passe au Maroc, il n'a pas besoin de trouver une solution à son malaise et ses émotions le conduisent vers des rêveries qui lui plaisent, tandis qu'à Paris, elles le conduiraient à la dépression. [...]
[...] Ignorant d'où je venais, j'étais content d'être là Pourtant, quand il apprend que ses parents sont morts en réalité, le deuil est difficile. Il avait déjà en partie renoncé à les contacter, mais quand il apprend la vérité, il doit faire le deuil de la petite annonce qu'il s'imaginait souvent leur écrire. La petite annonce que j'aurais toujours eue dans mon cœur pour la dicter un jour, au cas où. Elle ne rimait plus à rien, désormais. J'étais orphelin d'une phrase Sans famille, Aziz n'a pas vraiment d'histoire, alors il en cherche une ailleurs : Alors le bonheur, c'est quand je suis allé à l'école. [...]
[...] Ou n'est-il tout simplement pas capable de concevoir une fin à cette histoire, tout comme il n'a jamais vraiment envisagé son avenir, et tout comme il n'arrive pas à saisir son passé ? Valérie : C'est un personnage difficile à lire. Il semble cependant qu'elle aussi vive dans l'instant présent et ne s'impatiente pas de la durée du voyage. En revanche, ses réflexes de guide prennent le dessus quand la situation devient dangereuse et elle souhaite mettre fin à cette histoire. Malgré son apparente insensibilité physique et émotionnelle, elle semble être la seule à prendre en compte la santé de Jean-Pierre. [...]
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