Drame en cinq actes et en prose d'Alfred Jarry (1873-1907), publié à Paris dans la revue le Livre d'art en avril et mai 1896, et créé à Paris au théâtre de l'oeuvre le 10 décembre de la même année, Ubu Roi fit date dans l'histoire du théâtre français. Le seul nom d'Ubu a fait davantage pour rendre célèbre Alfred Jarry que tout l'ensemble de son oeuvre, et le personnage a depuis longtemps acquis une existence autonome, dépassant le champ de la littérature (...)
[...] Deux scènes pour rien ? Le rire avant tout. On verra donc qu'en fin de compte cette irruption du Père Ubu dans la maison des paysans n'a peut-être d'autre raison que de faire rire. Elles n'apportent en effet rien à l'action, et la scène 5 reprend avec Bordure emprisonné, le Père Ubu n'ayant pas tenu ses promesses passées avant son élection au trône. Peut-être doit-on lire ces deux scènes comme un intermède farcesque dans l'économie dramaturgique de la pièce. Mais peut-être y a-t-il un autre ressort du comique, plus profondément, qui justifierait la présence de ces deux scènes dans cet acte central de la pièce. [...]
[...] De fait, l'universalité de la scène de Ubu Roi, qui se déplace à chaque fois, est non-classique et irreprésentable. Ces deux scènes ont donc une fonction particulière dans l'économie de l'œuvre. Elle sert avant tout de mise en situation des réformes burlesques du Père Ubu, et permet au spectateur de mesure à quel point ce nouveau roi est capable de faire ce qu'il dit. Cette scène joue sur le cliché du précepteur vorace qui veut absolument récolter les impôts nonobstant l'insolvabilité des sujets. [...]
[...] Commentaire Drame en cinq actes et en prose d'Alfred Jarry (1873-1907), publié à Paris dans la revue le Livre d'art en avril et mai 1896, et créé à Paris au théâtre de l'Œuvre le 10 décembre de la même année, Ubu Roi fit date dans l'histoire du théâtre français. Le seul nom d'Ubu a fait davantage pour rendre célèbre Alfred Jarry que tout l'ensemble de son œuvre, et le personnage a depuis longtemps acquis une existence autonome, dépassant le champ de la littérature. [...]
[...] Les paysans en tout cas, en tant que personnage de groupe, ont une fonction actantielle bien pauvre, et n'ont aucun pouvoir sur la scène. Ils disparaissent d'ailleurs aussi vite qu'ils apparaissent. Deux scènes à part dans la pièce : inutile, mais exemplifient juste le despotisme loufoque du Père Ubu On reviendra pour finir sur l'utilité de ces deux pièces dans la pièce, en insistant sur le caractère exemplaire de celle-ci. Elles permettent d'illustrer l'arrogance, la méchanceté, la cupidité et la bêtise du personnage d'Ubu. Elles ont donc une fonction proprement théâtrale, en ce qu'elle montre directement sur scène la réalité d'un discours. [...]
[...] Dans la scène il est le seul objet du discours des paysans. En cela, il monopolise en quelque sorte le discours de ses sujets, seul lieu pourtant où ils pourraient conserver leur liberté. Dans la scène il accapare la parole (lieu de l'espace théâtral par excellence), forçant même les autres personnages à se taire. On analysera les ordres donnés, l'utilisation de l'impératif, le ton véhément employé par le Père Ubu. Cette hégémonie discursive est à la fois anti- et hyper-théâtrale, en ce qu'elle tue le théâtre en révélant que ce qui se fait est du théâtre. [...]
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