Le mythe de Tristan et Yseut est l'héritage d'une longue tradition orale, en effet, les bardes du Moyen-âge voyageaient dans les cours princières et chez les nobles et les distrayaient en chansons. La plupart du temps les mêmes motifs revenaient et la légende de la passion amoureuse de Tristan et Yseut est née de cette multitude de versions qui en a fait un mythe. Le premier texte écrit de la légende apparaît au 12e siècle. En France, les auteurs français sont particulièrement inspirés par le mythe de cette passion amoureuse et particulièrement prolixes dans leur création littéraire. Dans cette analyse du mythe de Tristan et Yseut nous verrons dans un premier temps quels sont les principaux auteurs français qui participent à la légende des deux amants et de quelle manière ils reprennent les épisodes et les personnages récurrents de cette histoire. Ensuite nous observerons deux thèmes importants dans le mythe : le conflit féodal et la passion tragique des célèbres amants.
I - Les principaux auteurs du mythe de Tristan et Yseut en France.
Au Moyen-âge la notion d'« auteur » est différente d'aujourd'hui, en effet le mot vient du verbe latin « augere », qui signifie « ceux qui augmentent » le récit, ceux qui l'enrichissent. Ces ajouts viennent se greffer à un canevas légendaire.
1) La version de l'oeuvre de Béroul.
Béroul est l'auteur de la version la plus ancienne, écrite environ entre 1150 et 1190. Le manuscrit qui nous ait parvenu date du 13e siècle et compte de nombreuses lacunes. Son oeuvre reprend les motifs littéraires du mythe, dont le résumé est :
Début - vers 580 : Lors d'un rendez-vous clandestin les amants sont épiés par le roi Marc mais ils s'en aperçoivent. Ils se jouent du roi qui croit en leur innocence et se réconcilie avec Tristan, qui était chassé du château.
Vers 581 - vers 826 : Les barons dénoncent les amants au roi Marc. Tristan et Yseut sont pris en flagrant délit d'adultère par une ruse du nain Frocin.
Vers 827 - vers 1071 : Le roi les condamne au bûcher. Tristan s'échappe et retrouve son écuyer Gouvernal (...)
[...] Le roi Marc. Le prénom Marc vient d'un mot celtique qui se rapproche fortement de March qui signifie cheval Ce rapprochement linguistique a un sens car dans la version de Béroul, on apprend que le nain Frocin détient le secret du roi Marc : il a des oreilles de cheval. Quand le nain, ivre, révèle la vérité au grand jour, le roi Marc, furieux, le tue. En dehors de l'aspect physique, ce détail révèle un trait de caractère de ce personnage : il est sourd au sens réel, il ne comprend pas le discours des amants, il n'entend que la surface des choses et ne cherche pas à interpréter. [...]
[...] Chez Béroul la folor et la putée sont des termes qui définissent la relation des amants sous l'emprise du philtre. Cette pulsion amoureuse devient un débordement incontrôlable qui mène à l'anarchie et au chaos. Cet amour est une puissance inquiétante de destruction ou de subversion pour l'ordre social. En effet il est déclenché par une magie surhumaine d'un vin herbé, il vient d'une cause surnaturelle. Cette légende confronte deux mondes culturels : l'univers archaïque, magique avec les guerriers des légendes celtiques et l'univers courtois du 12e siècle. [...]
[...] Tristan sait imiter le chant des oiseaux. Il est à la fois un homme de la culture (du monde la cour) car il est un musicien, et un homme sauvage, de la nature, car il peut survivre en forêt. Tristan joue de la harpe bretonne, appelée la rote Il est un artiste qui se rapproche des bardes celtiques. La harpe devient ainsi une arme féérique, qui est rapprochée de l'arc. Il est un héros à la fois astucieux, ingénieux, sauvage et a quelque chose d'un artiste. [...]
[...] L'idée du philtre appartient à un folklore universel. Il apparaît dès la culture antique avec des personnages de femmes magiciennes, comme Circé qui transforme en pourceaux les compagnons d'Ulysse dans l'Odyssée. On retrouve également dans les mythes antiques, la magicienne Médée et ses onguents maléfiques qu'elle utilise pour tuer sa rivale. De même dans le conte de Grainn, il y a un philtre d'endormissement. Ce philtre magique est une transformation des auteurs français, une rationalisation qui est une adaptation de la geis. [...]
[...] La représentation de l'amour. La représentation de l'amour est contradictoire avec l'influence de la fin amor qui célèbre un amour parfait et pur. Des auteurs écrivent sur la légende de Tristan et Yseut au 12e et 13e siècle, mais la légende est plus ancienne, elle est antérieure à l'idéal courtois. Ce fait provoque un conflit dans les textes entre une représentation courtoise et une représentation archaïque. Tout d'abord la doctrine de l'amour courtois est construite sur le modèle vassalique. Dans la société, le suzerain protège le vassal qui est à son service. [...]
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