Commentaire analytique niveau Licence sur l'article Traite des nègres par le chevalier de Jaucourt, extrait de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert. En quoi ce texte est-il représentatif de la Philosophie des Lumières ?
[...] D'un autre côté, aucun homme n'a droit de les acheter ou de s'en rendre le maître ; les hommes et leur liberté ne sont point un objet de commerce ; ils ne peuvent être ni vendus, ni achetés, ni payés à aucun prix. Il faut conclure de là qu'un homme dont l'esclave prend la fuite, ne doit s'en prendre qu'à lui-même, puisqu'il avait acquis à prix d'argent une marchandise illicite, et dont l'acquisition lui était interdite par toutes les lois de l'humanité et de l'équité. [...]
[...] Il faudra pour cela des actions plus concrètes. En analysant ce texte, il semble donc évident que l'esprit des Lumières s'y reflète et s'en dégage. Cela est même explicitement rappelé par l'auteur au début du texte à travers la citation d'un Anglais, ainsi qualifié : moderne, plein de Lumières et d'humanité Cet esprit universel et humaniste se retrouve surtout dans les nombreuses valeurs absolues qui sont prônées. La dénonciation, courageuse pour l'époque, de l'esclavagisme par Jaucourt rejoint ainsi celle de Montesquieu dans De l'esprit des lois ainsi que celle par Voltaire dans Candide (chapitre sur le nègre de Surinam). [...]
[...] En s'engageant en faveur des esclaves et en combattant la traite des nègres, l'auteur laisse derrière son article un message des Lumières qui s'avère universel. L'universalité et l'humanité du message en font un texte parfaitement représentatif de l'esprit des Lumières, dans tout ce qu'il a de plus positif. La philosophie des Lumières repose en effet sur l'avènement de l'individu en tant que sujet pensant (grâce à sa raison) et vise à combattre universellement l'irrationnel et l'arbitraire, dont l'esclavagisme fait partie. L'auteur définit et dénonce l'esclavage comme étant une pratique inhumaine, immorale et injustifiable, et défend l'émancipation des esclaves en tant qu'individus et êtres humains. [...]
[...] Cet érudit, ami de Diderot et de d'Alembert, fut nommé membre des Académies de Bordeaux, de Berlin et de Stockholm, ainsi que de la Société Royale de Londres. L'article Traite des nègres dont il est l'auteur définit l'esclavage et la manière dont il fonctionne à cette époque. De Jaucourt livre ici au lecteur un échantillon de la philosophie de Lumières, en dénonçant l'inhumanité indéniable de l'esclavage, dont la pratique s'avère étroite et désuète en ce siècle synonyme de progrès et de modernité, et en rattachant implicitement le problème de l'esclavage à celui, plus politique, des relations entre rois et sujets. [...]
[...] L'auteur accuse les acheteurs d'esclaves en rejetant sur eux la faute. Il cherche à les faire culpabiliser en disant qu' il faut conclure de là qu'un homme dont l'esclave prend la fuite, ne doit s'en prendre qu'à lui même et prend la défense des esclaves en dénonçant les non-fondements d'une telle pratique. Les esclaves sont en effet traités comme des marchandises ; ils ne deviennent esclaves ni par la guerre, ni par la naissance, mais contre leur gré via la traite qui les prive de leur liberté. [...]
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