Fiches imprimables sur la tragédie depuis sa création jusqu'à nos jours.
[...] Mais, déjà au début du siècle, le romancier de langue allemande Franz Kafka (1883-1924), dans Le Procès, roman qu'André Gide a adapté au théâtre, nous montre la lutte inutile d'un homme contre des forces absurdes et aveugles qui ont décidé sa perte. On voit donc que le tragique, s'il a trouvé son expression la plus adaptée dans une certaine forme théâtrale, dont les grandes périodes ont été l'Antiquité grecque et le XVIIe siècle en France , est une vision du monde qui traverse les siècles et les différentes formes d'expression artistique. [...]
[...] C'est la grandeur héroïque, pour Corneille, qui est la base du tragique. L'essentiel est de voir le héros aux prises avec les forces de l'adversité; c'est ce combat, et non pas l'issue heureuse ou malheureuse, qui constitue l'essence du tragique. Corneille remplace volontiers le malheur par le sublime. Ainsi de la réplique du vieil Horace à qui l'on demande: Que vouliez-vous qu'il fît contre trois? Qu'il mourût. (Horace, III, 6). Le sublime, plus que le malheur, est chez Corneille l'essence du tragique. [...]
[...] Dans un noble monologue, l'empereur annonce son intention de pardonner: Je suis maître de moi comme de l'univers. Je le suis, je veux l'être. O siècles, ô mémoire, Conservez à jamais ma dernière victoire! Je triomphe aujourd'hui du plus juste courroux De qui le souvenir peut aller jusqu'à vous. Soyons amis, Cinna, c'est moi qui t'en convie . Cela nous rappelle que la morale de Corneille est profondément optimiste. Pour lui, qui insiste tant, dans ses pièces, sur le contraste entre les héros et les médiocres, l'individu supérieur peut dominer ses passions, et par là son destin, échappant ainsi à l'engrenage catastrophique de la tragédie. [...]
[...] La seule règle, déclare-t-il dans sa Critique de l'Ecole des femmes, c'est de plaire. Toutefois, l'objectivité oblige à reconnaître que, chez certains auteurs, Racine le premier, l'application intelligente des trois unités a magnifiquement servi l'art de la tragédie, et du théâtre en général. Comment? Prenons l'unité d'action. Contrairement à Corneille, Racine écrit une pièce à partir de presque rien il aime réduire l'intrigue au minimum. La tragédie racinienne, en effet, est économe et concentrée: elle est tout entière focalisée sur une crise», qui peut logiquement éclater et se résoudre en quelques heures; mais ces quelques heures suffisent à décider de toute une vie, de toute une destinée. [...]
[...] Il n'y entre donc aucun incident inutile à l'action. La fable est la partie la plus importante, car selon Aristote, une tragédie représente des actions, non des personnages: les personnages sont là pour servir l'action, et non l'inverse. Trois éléments distincts composent la fable: la péripétie au sens strict, lorsque l'on passe d'une situation à son opposé (par exemple, quand un personnage socialement puissant déchoit et devient misérable); la reconnaissance, ou passage de l'ignorance à la connaissance (par exemple, Œdipe apprenant que la reine Jocaste, qu'il a épousée, est en fait sa mère); la catastrophe, qui est une action destructive et douloureuse (Œdipe se crevant les yeux et s'en allant comme un mendiant, après avoir appris l'horreur de son destin). [...]
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