Voltaire, adhérant à la mode du dictionnaire et de l'encyclopédie qui touche le 18ème siècle, se lance dans la rédaction d'un dictionnaire philosophique portatif, dans lequel il aborde les thèmes qui lui sont chers. A la lettre "T", on trouve ainsi l'article "Torture" qui va dénoncer une pratique largement en vigueur qui révolte Voltaire. En effet, celui-ci choqué par l'affaire de La Barre, va mettre un point d'honneur à condamner de telles pratiques. A partir d'une approche qui varie les angles, les registres et les styles, Voltaire met en place une forte dénonciation d'un acte inhumain malheureusement banalisé, à l'image d'un système judiciaire tout à fait contestable.
[...] Puis les "juges d'Abbeville" (l24) sont comparés aux Romains, mais ils sont pires qu'eux car ils torturent des non-esclaves. (l26) " Arracha la langue" est la sanction des chants impies. Mais il y a un décalage avec la réalité. (l26) "Coupa la main" est la sanction parce qu'il n'a pas enlevé son chapeau : il y a le même décalage. (l27) "À petit feu" donne une impression de viande. Cette sanction est mise en place car l'être entier est condamnable. [...]
[...] Elle ne discerne pas le coupable de l'innocent. Dans le quatrième paragraphe, Voltaire développe une plaidoirie qui met en évidence tous les vices du système judiciaire. Il commence par présenter le Chevalier (contexte, milieu de vie), puis montre qu'on n'avoue pas (on est convaincu : l22), ensuite il donne les chefs d'accusation. On remarque que "ordonnèrent" (l25) donne une dimension arbitraire à la sanction. Ainsi, il y a un ordre strict qui récompense la machine judiciaire à l'œuvre: justice injuste sans indulgence, arriérée et inhumaine. [...]
[...] Par conséquent, Voltaire utilise trois registres dominants qui alternent. Ainsi, il veut créer des réactions diverses sur le lecteur, qui doit se sentir concerné. Il multiplie les approches pour mieux toucher le lecteur. Enfin, Voltaire varie les types de textes : le premier paragraphe est descriptif ("hâlé", "pâle"), le second narratif, le troisième informatif et argumentatif (de façon indirecte), le quatrième narratif et descriptif. Il y a une multiplication des genres et des approches. Par conséquent, Voltaire met en place un article polymorphe dans la mesure où le principe de construction diffère souvent : il y a des variations de type, de registre : il faut surprendre le lecteur. [...]
[...] Le paragraphe suivant a un registre ironique. On passe à des conflits politiques qui s'opposent à la politique intérieure : la torture. On note une comparaison avec l'Angleterre, nation phare de ce siècle. On remarque aussi que les Français se demandent pourquoi les Anglais ont arrêté la torture. Le quatrième paragraphe présente un exemple précis : l'affaire de La Barre (1766). Mais le dictionnaire philosophique est publié en 1764. Donc cet article a été rédigé après (1769). Voltaire a également milité pendant l'affaire Callas (1763) où un père était accusé d'avoir tué son fils qui voulait se convertir. [...]
[...] Il a des soucis des détails. Il ridiculise cette pratique car "on lui arrache la langue" puis on l'interroge : les méthodes de torture paraissent illogiques et absurdes. Voltaire montre bien qu'il est contre la torture et pour la tolérance en prenant parti pour le Chevalier de La Barre. Le dernier paragraphe présente un effet de chute dans l'extrait. Le 13ème et le 14ème siècles font parti du Moyen Age, époque de barbarie, d'obscurantisme et de violence. Or, le 18ème siècle est celui des lumières : cela donne un aspect contemporain à la torture. [...]
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