Le Guépard, roman publié en 1958 et écrit par Giuseppe Tomasi Di Lampedusa, est organisé en huit parties. Toutefois, le protagoniste principal du récit, le prince Salina, n'est présent que jusqu'à la fin de la septième partie, soit jusqu'au moment de sa mort. Aussi nous étudierons les relations et les similitudes existant entre la première et la septième partie, liens révélateurs de l'unité du roman, du mouvement de boucle qui anime les parties successives de l'oeuvre.
Nous verrons dans un premier temps que le thème de la mort amène particulièrement à lier les deux parties puis, après avoir, dans un deuxième temps, étudié l'évolution du rôle de la religion, nous analyserons la famille et son déclin comme symbolique d'un déclin plus général, celui de la noblesse (...)
[...] Au-delà même de sa fonction religieuse, le prêtre joue un rôle de conseiller, d'allié, fortement favorable à la monarchie, aux nobles et au Pape, il fait partie intégrante du système de la noblesse qui se dégrade progressivement, il est une des mailles en perdition. La septième partie et mort du prince est elle particulièrement marquée par l'absence notable de la religion comme réel soutien : si le Prince l'évoque au passage dans son proche devenir, le prêtre chargé de l'extrême onction revêt un rôle quasi-mécanique, celui d'insinuer l'hostie entre ses lèvres et de se [retirer] Au-delà de la mort ou de la solitude du Prince, c'est du déclin de la noblesse dont il s'agit. [...]
[...] Signifiant de manière frappante l'évolution de la situation de la noblesse sicilienne sur plus de vingt ans, le rapprochement de la première et de la septième partie révèle le lien qui les unit, l'une concrétisant les furtives ou évidentes annonces de l'autre. Le déclin annoncé n'est pas encore consommé dans la septième partie, mais comme le réalise tristement le Prince à quelques heures de sa mort : Il était inutile de s'efforcer de croire le contraire, le dernier Saline c'était lui, le géant émacié qui agonisait à présent sur le balcon d'un hôtel. [...]
[...] Cette récitation quotidienne du rosaire structure d'ailleurs la première partie puisqu'elle l'ouvre et la clôt. Si l'omniprésence de la mort n'est réellement effective que dans la septième partie, la première, ouverture de l'œuvre, engage déjà le récit sur une voie létale notamment avec le souvenir du Prince concernant le soldat de François II venu mourir dans le jardin de la villa Salina lors de l'insurrection d'avril 1860 : au dégout que les relents douceâtres avaient diffusé dans tout la villa succède chez le prince une profonde interrogation sur le sens de cette mort, interrogation que l'on peut voir prolongée et aboutie lorsqu'est déployée, dans la septième partie, la métaphore du sablier écoulant la volonté de continuer à vivre Si l'on trouve, dans la première partie, de fugitives allusions à la mort, celles-ci s'intensifient dans la septième partie où chaque élément est prétexte à sa présence : il avait fait un voyage lugubre, aussi lent qu'une cérémonie funèbre le valet de chambre entra avec une cuvette d'eau tiède et une éponge, il lui ôta sa veste et sa chemise, lui lava le visage et les mains, comme on lave un enfant, comme on lave un mort L'étude comparée de ces deux parties est révélatrice d'un mouvement général de l'œuvre : le sentiment intime d'un temps éternel et d'une nature immuable des premières pages évolue au fur et à mesure, alors que se multiplient les signes de décadence et que les illusions du Prince s'éteignent avec le développement de sa résignation d'abord face à sa propre mort. [...]
[...] Littérature, Le Guépard : mettre en rapport la première et la septième partie Le Guépard, roman publié en 1958 et écrit par Giuseppe Tomasi Di Lampedusa, est organisé en huit parties. Toutefois, le protagoniste principal du récit, le prince Salina, n'est présent que jusqu'à la fin de la septième partie, soit jusqu'au moment de sa mort. Aussi nous étudierons les relations et les similitudes existant entre la première et la septième partie, liens révélateurs de l'unité du roman, du mouvement de boucle qui anime les parties successives de l'œuvre. [...]
[...] La mort occupe une place centrale dans Le Guépard : la première partie, plongée in medias res dans l'univers de la villa Salina, est le premier volet de ce qu'on pourrait appeler le diptyque de la mort du Prince, le second volet étant l'objet de la septième partie, quand le Prince agonise à l'hôtel Trinacria de Palerme. Avant même l'évocation du souvenir du soldat mort, dès les premiers mots du roman, c'est par le rosaire qu'est introduit le thème de la mort : Nunc et in hora mortis nostrae (maintenant et à l'heure de notre mort). [...]
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