Commentaire analytique du poème "L'invitation au voyage" de Baudelaire. Dans ce poème, Baudelaire s'inscrit une fois de plus dans le lyrisme amoureux qui fait l'éloge de la femme aimée, Marie Daubrun, son égérie.
[...] Les Fleurs du Mal est un recueil de poèmes de 1857 qui aborde souvent le thème des voyages. BAUDELAIRE est en effet un poète lyrique qui aspire à vivre ailleurs Anywhere out of the word comme il l'a écrit dans l'un de ses textes qui témoigne en cela d'une profonde mélancolie et d'une vision désabusée du monde qu'il appelle le spleen. Par ailleurs ses textes sont souvent marqués par le désir d'un renouveau qui s'inscrit ici dans la forme du poème, assez éloignée des modèles classiques ne serait-ce qu'au niveau de la métrique. [...]
[...] Il n'y a en effet qu'un soleil et le pluriel de "ciel" est cieux En le traitement du thème lyrique de la nature se fait d'une façon particulière, il s'agit d'une nature artificielle, purement artistique. Ces soleils et ces ciels sont des éléments de toiles, des peintures. Le décor décrit est artistique, artificiel et non naturel. Il s'agit d'un appartement. De même, les fleurs présentes sont qualifiées avec le superlatif les plus rares (l.18) ce qui laisserait penser qu'il pourrait s'agir de fleurs prisées par les esthètes (des orchidées par exemple), donc vraisemblablement des fleurs coupées. Elles sont clairement dans la chambre donc pour le moins dans un vase. [...]
[...] Cet idéal est une sorte d'Eldorado amoureux dont l'or partout répandu trouve sa source dans la lumière solaire Un monde mêlé dans un poème symboliste marqué par la synesthésie Cette description d'un ailleurs où le bonheur est possible dans le couple apparaît comme symboliste, par le fait que le monde réel soit voilé, tu. Le poème est l'illustration de cette pensée baudelairienne qui veut établir des correspondances (d'après le poème qui prend ce titre) entre le réel et l'imaginaire. Elles sont multiples. Correspondance entre les soleils et les yeux le mobilier évoque quant à lui un état d'âme et finalement dans la dernière strophe tout cet univers est personnifié puisqu'il ressemble à la femme aimée. [...]
[...] Seuls, la femme, figure de Marie Daubrun, et son interlocuteur, le poète, sont les figures humaines d'une présence réelle. La première strophe est consacrée aux yeux de la femme, la deuxième à l'âme des deux amoureux et la troisième, comme une montée sensuelle, voire érotique aux désirs féminins. Mais la description ne sera pas traditionnelle, elle obéït à une esthétique du détour. Que sait-on des yeux de la femme ? Ils sont tristes et chargés de larmes (v. mot ultime du douzain, ce qui suggère une réalité décevante dont il convient de s'échapper. [...]
[...] Ce poème est marqué par la musicalité et surprend par son caractère hétérométrique et l'utilisation de vers impairs, fait peu usité encore. Nous sommes ici à un tournant de la poésie : le poète s'écarte des stéréotypes en matière d'éloges et de comparaisons que l'on établit pour vanter les qualités de la femme aimée. Le lyrisme employé fuit la nature pour se réfugier dans une sorte de culte de l'artifice ou de l'art tout simplement. OUVERTURE III) Un commentaire comparatif est possible avec le poème en prose L'Invitation au voyage qui est postérieur au poème en vers. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture