Peut-on lire du théâtre comme on lit un roman ou de la poésie ? S'agit-il d'un livre comme un autre ? Curieusement, les comédies et les tragédies étant étudiées à l'école depuis longtemps se distinguent mal des autres genres littéraires et on finit par oublier qu'à l'origine ces oeuvres furent écrites pour être montrées et transformées en spectacles, jouées par des acteurs dans un lieu dédié à cet art comme nous l'enseigne l'étymologie du mot grec "theatron" : lieu où on assiste à une représentation (...)
[...] Enfin, les possibilités de retour en arrière qu'offre la lecture permettent une reconnaissance des subtilités du texte ; les intentions de l'écrivain seront peut-être mieux comprises dans le calme sans la gêne que constituent les réactions plus ou moins bruyantes des autres L'importance du jeu est toutefois incontestable La satisfaction que nous apporte la seule lecture varie selon les œuvres. Ainsi les pièces de Feydeau ou de Labiche, le théâtre de boulevard (cf. : Un fil à la patte du premier, Le Voyage de Monsieur Perrichon ou Un chapeau de paille d'Italie pour le second) sont-elles rarement lues. Pourquoi ? Ce style d'œuvre est fondé sur les effets visuels que le rythme, les déplacements, les mimiques valorisent. Ces pièces doivent être vues et entendues (cf. : Cyrano de Bergerac de E. Rostand). [...]
[...] Certains auteurs ont usé du procédé du théâtre dans le théâtre permettant par ce procédé de mise en abîme de porter un regard sur le travail du dramaturge : la vérité s'exprime alors au second degré. Pour illustrer cela, nous pouvons citer l'Illusion comique de Corneille où le personnage principal, Clindor, devient lui-même comédien d'une petite troupe de théâtre : dans ce cas, où est la vérité ? Dans sa tragédie Hamlet, Shakespeare fait intervenir des comédiens ambulants pour faire triompher la vérité (on aurait pu citer également la scène 5 de l'acte IV de Tartuffe ou bien la Dispute de Marivaux). [...]
[...] Ils peuvent être investis différemment par chacun de nous : Giraudoux intitule une de ses œuvres Amphitryon 38 car ce rôle a été traité 37 fois auparavant. Les ambiguïtés que la lecture met à jour sont transformées positivement par les choix interprétatifs de la mise en scène. Conclusion : On peut donc affirmer que le théâtre ne devient lui-même qu'une fois joué. Certes, les bonnes pièces résistent mieux que d'autres à la lecture mais on ne doit pas oublier que les grandes œuvres ont été faites pour être mises en scène : chez Molière cohabitent l'auteur et l'acteur. [...]
[...] La rencontre avec l'acteur, la découverte de ses mimiques et de ses intonations créent souvent un choc indispensable à la vraie réception d'une œuvre d'art. [...]
[...] De plus, une bonne culture permettrait également de pallier les lacunes de l'écriture : le lecteur de Sophocle imaginera l'espace scénique de l'époque antique, les gradins, les masques, le rôle du chœur ; celui de Shakespeare imaginera le théâtre du Globe à Londres totalement ouvert où les spectateurs se rendaient par tous les temps ; celui de Molière imaginera l'impact de la présence du roi ou des seigneurs installés sur la scène elle-même . Importance de la connaissance de l'univers du théâtre au cours des âges. Le texte peut guider le lecteur : les noms attribués aux personnages l'informent d'emblée sur l'origine, le caractère de ceux-ci (cf. [...]
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