Dans un premier temps, le naturel est au service de l'illusion théâtrale. En effet, le jeu des acteurs, lorsqu'il annule la distance entre le personnage et la personne, peut servir l'illusion. Il y a alors une confusion entre lieu de la représentation et réalité. Cette perte de repère, pour le spectateur, génère l'illusion (...)
[...] Autrement dit, les acteurs doivent-ils se comporter comme dans la vie pour donner cohérence à une représentation ? Nous verrons que le naturel peut servir le vraisemblable, qui n'est pourtant pas indispensable, car l'artifice, essence même du théâtre, suffit amplement pour créer l'illusion. Dans un premier temps, le naturel est au service de l'illusion théâtrale. En effet, le jeu des acteurs, lorsqu'il annule la distance entre le personnage et la personne, peut servir l'illusion. Il y a alors une confusion entre lieu de la représentation et réalité. Cette perte de repère, pour le spectateur, génère l'illusion. [...]
[...] Le théâtre joue sur l'identification entre le spectateur et l'acteur. Effectivement, au premier abord, ce qui emporte l'adhésion du spectateur, est ce qui copie la réalité. Les acteurs interprètent des sentiments et des passions universelles qui ont déjà été éprouvés par le spectateur comme dans le lamento du jardinier d'Electre de Giraudoux où le jardinier exprime une série de sentiments tout à faits plausibles et humains liés à l'abandon, ce qui le rend proche du spectateur, proximité que l'on retrouve dans toute tragédie. [...]
[...] Les acteurs déclament, mais l'acteur exagère toujours sa voix et sa gestuelle tout simplement pour être vu et entendu. Diderot déplore les artifices des tragédies dans Le paradoxe sur le comédien, en oubliant sans doute que le théâtre est avant tout un univers d'artifices. Puis, le théâtre mêle des intrigues extravagantes qui ne peuvent se confondre avec des intrigues réelles. En effet, les acteurs servent souvent l'extravagance sans pourtant nuire à l'illusion. Le roi se meurt de Ionesco est exemplaire par sa fantaisie. [...]
[...] Le théâtre est le lieu où les acteurs, aidés par des costumes traditionnels, jouent des histoires qui n'ont rien de naturelles. Pourtant, au delà des artifices de l'intrigue, le spectateur attentif interprète l'angoisse du roi comme l'angoisse de l'homme face à la solitude, à la mort. Même Hugo émeut le spectateur par des intrigues artificielles, comme celle de Ruy Blas. L'amour entre un laquais et une reine touche malgré l'extravagance de l'intrigue et des obstacles à cet amour. La fantaisie, loin de desservir l'illusion, la rend peut-être plus forte, car elle oblige le spectateur à un décryptage du réel. [...]
[...] Même si la noblesse du dilemme et le registre poétique du langage utilisé éloignent le spectateur du personnage, l'acteur doit retranscrire l'humanité du roi. Humanité criante chez Ionesco, dans le Roi se meurt, qui fait du roi un double du spectateur, confronté à l'illusion du pouvoir, à l'évidence de la mort. Face aux grands problèmes qui secouent de tout temps les sociétés humaines, les personnages et les acteurs se comportent donc souvent comme dans la vie L'illusion de la réalité est donc possible quand les acteurs imitent le réel, par leur jeu, la cohérence psychologique des personnages qu'ils incarnent et par le réalisme des débats qu'ils soulèvent. [...]
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