Une dissertation (niveau lycée) avec pour sujet la problématique suivante : Vous préciserez le sens de la présence envahissante des objets dans le théâtre contemporain avec des liens précis avec la société actuelle.
[...] Enfin les objets ont une valeur ludique théâtrale, surtout présente dans le jeu scénique. Cet élément concret de la scénographie sert de partenaire de jeu à l'acteur, qui peut le manier à sa guise, le déplacer de son contexte et le métamorphoser grâce à son jeu. Chaussures, chapeau, valises, sacs, sont à l'origine d'une gestuelle complexe : mimiques, pertes d'équilibre, numéro de jongleurs, gags visuels dans le théâtre de Beckett Dans le théâtre du XXe siècle, l'objet fait partie du projet global de la représentation. [...]
[...] L'Objet au théâtre. Indiqué dans les didascalies ou inscrit dans le dialogue même, l'objet, terme qui s'est substitué à ceux d' accessoire et de décor dans le théâtre contemporain, remplit plusieurs fonctions. Matériel et maniable, il possède en premier lieu une fonction mimétique qui est de représenter métonymiquement* le cadre de vie réel des personnages et d'indiquer un ancrage réaliste dans le monde. Dans la mesure où ils permettent de catalyser l'imagination des spectateurs, certains objets sont susceptibles à eux seul de remplacer un décor intégral. [...]
[...] La manière d'exhiber un billard électrique dans Ping pong, d'Adamov, le jeu autour des grosses chaussures dans En attendant Godot, de Samuel Beckett, la prolifération chez Ionesco des tasses (Victimes du devoir), des chaises (Les Chaises) ou des champignons (Amédée ou comment s'en débarrasser), dénoncent l'imposture idéaliste qui masque la réalité tragique de l'homme et l'angoissante banalité de son existence. Le moi est réduit à sa dimension la plus étroite, celle d'un corps esclave de la trivialité de ses besoins et aliéné aux objets nécessaires à sa survie. Dans Oh les beaux jours, de Beckett, l'attachement hystérique de Winnie aux «trésors contenus dans son sac renvoie à la dérision de la dignité bourgeoise face au néant dont parle Beckett. Epaves du passé, les objets reflètent le mensonge et la vanité de l'humain face à son existence. [...]
[...] La particularité des objets dans le Nouveau Théâtre est qu'ils sont animés d'une vie propre. Au cours de la pièce, ils subissent des transformations ou disparaissent. Dans un théâtre plus engagé politiquement, le règne des objets est indissociable d'une critique moderne, enfermé dans les mythes sociaux et aliénés aux séductions de la consommation. Si le théâtre de Bernard-Marie Koltès se situe au carrefour du temps historique et du temps mythique, il n'en échappe pas pour autant à l'emprise de l'univers économique et de ses lois. [...]
[...] Les auteurs du Nouveau Théâtre, s'inspirant des théories d'Antonin Artaud sur le rejet d'un théâtre littéraire soumis au Verbe au profit d'un langage dramatique pur, privilégient le coprs et l'imagerie concrète de la scène. *métonymiquement : par exemple un sceptre pour la cour du roi ou bien une poire à lavement pour un médecin. *réifié : réduit à l'état d'objet. Texte cité : L'Avare de Molière Le Barbier de Séville de Beaumarchais En attendant Godot de Samuel Beckett Les Gommes d'Alain Robbe-Grillet Ping-Pong d'Arthur Adamov Victimes du devoir, Les chaises, Amédée ou Comment s'en débarrasser de Ionesco Oh les beaux jours de Beckett Quai Ouest de Bernard-Marie Koltès. [...]
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