Henry de Montherlant est un auteur dramatique du XXème siècle. Il expose dans ses Notes de théâtre sa conception du genre théâtral qui, selon lui, n'a d'intérêt que si « l'action extérieure n'est qu'un prétexte à l'exploration de l'homme », « que si l'intrigue permet d'exprimer avec le maximum d'intensité et de profondeur un certain nombre de mouvements de l'âme ». En d'autres termes, l'intrigue théâtrale doit reposer sur un schéma relativement simple pour pouvoir s'axer sur la finalité qu'est l'observation de l'essence humaine (...)
[...] Une action riche et développée est le cœur même du divertissement du spectateur. C'est pourquoi nous avons souvent affaire à des actions in medias res comme avec le dialogue entre Alceste et Philinte où ce premier s'explique sur ses intentions. C'est ce qui permet de piquer la curiosité du spectateur ou du lecteur. Pour le Bourgeois gentilhomme, l'originalité réside dans ses ornements et intermèdes où trois langages sont mis en place : la danse, la musique et la parole. Ces derniers sont le témoignage même du ridicule de Jourdain. [...]
[...] Le schéma aristotélicien, qui propose des péripéties et plus tard la reconnaissance, c'est-à-dire le dénouement heureux, donne au lecteur ou au spectateur une accessibilité. Le texte y est mieux perçu lorsqu'une seule intrigue est au cœur de la pièce. Le personnage dans son intériorité y est exploré plus directement, il est le centre de la pièce, la charpente de l'action. Dans l'expression mouvements de l'âme employée par Montherlant, nous comprendrons la nature humaine dans un rapport incluant raison et passion. [...]
[...] C'est donc par ces digressions que le théâtre remplit ici sa fonction divertissante, fonction que Montherlant semble négliger. Les ornements sont intrinsèques à une bonne compréhension du texte et à une meilleure intégration de l'idée ou de la critique. Monsieur Jourdain vit dans les apparences, dans sa folie et ses illusions ; or les sentiments ne peuvent pas en témoigner avec autant d'authenticité que son dialogue sur la prose avec le maître de philosophie, entre autres. Les chimères de Jourdain sont inhérentes à l'action. [...]
[...] Le Bourgeois gentilhomme et le Misanthrope ont souvent été réduits aux scènes parlées alors qu'il serait fondamental qu'une pièce soit considérée comme un ensemble et que les personnages soient perçus grâce au langage et à leurs gestes plutôt que de les envisager d'emblée comme des êtres de chair et d'os ! Une pièce de théâtre ne peut être réduite au centrage sur les mouvements de l'âme ; nier la richesse de l'intrigue ne revient-il pas à nier le théâtre lui-même ? 2ème position : La citation de Montherlant semble en effet très réductrice. [...]
[...] Dans le Bourgeois gentilhomme, Monsieur Jourdain montre un acharnement à nier sa propre classe sociale pour devenir gentilhomme, et Alceste, le misanthrope, fait preuve d'hypocrisie, vice qu'il affirme pourtant condamner. Le théâtre cathartique est le déclic de l'affrontement intime du spectateur. Selon Aristote, la tragédie doit inspirer pitié ou effroi ; nous pouvons supposer que les comédies de Molière trouvent leur effet cathartique dans le ridicule des personnages, particulièrement dans le Bourgeois gentilhomme et le Misanthrope. Le théâtre, dans le réalisme qu'il inspire grâce à la bienséance, une des règles du théâtre classique, fait jouer la mimesis ; le spectateur s'identifie donc aux personnages représentés sur scène. [...]
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