Depuis toujours, le théâtre est le parent pauvre de la littérature italienne. Les raisons de cette infériorité relative, ou de ce manque d'intérêt, tiennent aussi bien à la structure sociale du pays qu'à l'organisation du spectacle.
Pourtant, dans l'Italie de l'après-guerre naît une expérience originale : à côté des troupes itinérantes surgissent dans plusieurs grandes villes des Piccoli teatri. Ainsi, le prestigieux Piccolo teatro de Milan, dont la direction est assurée par Paolo Grassi et Giorgio Strehler, est fondé le 17 mai 1947. Contrairement aux théâtres itinérants, ces troupes ne se déplacent jamais ; et, sous la direction du même metteur en scène, elles choisissent un répertoire classique ou contemporain de haut niveau. Les Piccoli teatri, malgré leur audience limitée, ont exercé une influence positive sur le théâtre italien de l'après-guerre. C'est dans ce contexte que s'est affirmé une nouvelle génération de metteurs en scène, souvent auteurs eux-mêmes : Luchino Visconti, Luigi Squarzina, Orazio Costa, Franco Zeffirelli, … Le rôle du metteur en scène est prépondérant. C'est lui qui décide du programme et qui contribue par son interprétation des classiques étrangers à élargir la réflexion sur le théâtre. Tous les metteurs en scène sont ouverts à des recherches nouvelles mais, au fond, seules trois personnalités émergent : Ugo Betti, Diego Fabbri, et Eduardo de Filippo...
[...] Ses talents se manifestent plus clairement dans Mon bien et mon cœur (1955), agréable pièce sur le mariage, et dans De Pretore Vincenzo (1957). Sur un ton mi-ironique mi-sérieux qui lui convient parfaitement, Eduardo De Filippo retrace les péripéties et les mille ruses d'un pauvre hère, uniquement soucieux de joindre les deux bouts et de donner le change. Ces thèmes, typiquement napolitains, sont repris dans d'autres comédies : Le Maire du quartier Sanità, Le Contrat (1957) Le théâtre d'Eduardo De Filippo ne connaît pas de mutations profondes, le contact immédiat avec le public étant sa force et sa limite. [...]
[...] Dans d'autres pièces, par contre, aucune compromission n'est possible : la vocation spirituelle du héros n'admet pas de déviation. C'est ainsi que naît le personnage de René, sorte de surhomme bourgeois qui dans Rancune (1950), Inquisition (1950), Délire (1958), est un mari distant, hautain, épris d'un idéal qui semble l'affranchir de ses devoirs et de ses responsabilités. Diego Fabbri a distingué à l'intérieur de son œuvre deux catégories : d'un côté les pièces morales souvent des comédies de mœurs, et de l'autre des pièces idéologiques illustrant des problèmes moraux ou métaphysiques à la lumière du christianisme. [...]
[...] Après Pirandello, le plus important dramaturge italien du XXème siècle est incontestablement Ugo Betti. Pourtant, dans son œuvre on ne trouve ni réformes révolutionnaires ni de réflexions théoriques sur le théâtre. S'appuyant sur une technique très sûre, Ugo Betti privilégie l'exploration de l'âme humaine. Ses personnages, contrairement à ceux de Pirandello, réussissent à cerner leur personnalité. Mais cette analyse se révèle comme une véritable descente aux enfers car l'homme découvre son vrai visage, celui d'un monstre grouillant de désirs inavouables. [...]
[...] Cependant, on ne saurait sous-estimer l'ampleur de son registre dramatique. Dans les années soixante la crise des structures traditionnelles s'accentue. On reproche aux théâtres stabili deux choses contradictoires : tantôt d'éloigner le théâtre de la réalité, tantôt, au contraire, d'en faire l'instrument d'une propagande partisane. Or, c'est la triste réalité : il ne sera jamais que l'un et l'autre, en dehors d'Ugo Betti, Diego Fabbri et Eduardo de Filippo. [...]
[...] Les résultats sont également heureux dans Enfants de l'art (1959), pièce de coupe pirandellienne, comportant une comédie dans la comédie. La vérité profonde, tel est l'enseignement de Mathilde, est celle de l'artiste qui accepte de s'identifier complètement à son rôle. Eduardo De Filippo (1900-1980). Eduardo De Filippo est un auteur dialectal qui a su se gagner un très large public. Son œuvre rapproche avec succès le théâtre populaire d'un public bourgeois. Eduardo De Filippo est à la fois auteur, acteur et directeur de compagnie. [...]
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