Depuis la Poétique d'Aristote, on oppose la comédie qui doit faire rire à la tragédie qui doit susciter terreur et pitié. Progressivement, les aspects comiques se sont codifiés et ils sont devenus aisément identifiables. Leur fonction est-elle cependant uniquement de provoquer le rire du spectateur ? Le problème posé est celui de la définition du genre comique et de l'essence même du rire (...)
[...] Les rapports maîtres/valets prennent une dimension particulière dans la comédie. Le dramaturge choisit de dénoncer une condition sociale et envisage d'inverser le rapport. Dans les Fourberies de Scapin, Molière met en scène un valet donnant des coups de bâton à son maître. Ce rire permet de critiquer les moeurs en usage à l'époque. Au XVIIIème siècle, Marivaux, dans L'Ile des esclaves, présente une utopie dans laquelle le comique provient d'une situation inversée: les maîtres deviennent valets et vice versa. Beaumarchais pousse le procédé encore plus loin en faisant du valet Figaro un personnage consistant, capable de rivaliser avec son maître, le comte Almaviva dans Le Mariage de Figaro. [...]
[...] Le personnage de comédie correspond généralement à un type il représente une grande catégorie, souvent par un défaut grossi et schématisé, tel l'Avare de Molière. Ainsi, si comme le définit Bergson (philosophe du XIX-XXème siècle), le rire est le mécanique plaqué sur du vivant, le comportement de ce personnage de comédie, qui se montre automatique et inadapté au réel social environnant, fait rire. On trouve différents procédés comiques, le comique de situation qui permet au spectateur d'en savoir plus que les personnages. [...]
[...] Les procédés comiques servent donc de toute évidence à faire rire puisque le divertissement est le propre de la comédie, mais ils offrent également d'autres fonctions, comme la critique des moeurs ou de la société. Cependant, les procédés du comique prennent toute leur dimension dans le choix de mise en scène comme pour éprouver la véritable émotion et le véritable plaisir du spectateur. C'est à ce titre que comédie et tragédie peuvent cohabiter au sein d'une même pièce de théâtre. [...]
[...] Molière met en scène des personnages, comme l'avare ou le misanthrope qui constituent une galerie de portraits de défauts humains et qui ne vivent pas en harmonie avec eux-mêmes. Mais même dans un genre comme le vaudeville, comédie légère mêlée de musique, qui naît au XIXème siècle et qui se voudrait pur divertissement sans prétention satiriaque, on trouve une observation critique des moeurs. C'est ainsi qu'Eugène Labiche, dans Le Voyage de Monsieur Perrichon, brosse un tableau sans complaisance du second empire caractérisé par le culte de l'argent, la bêtise et le conformisme. Souvent, les procédés comiques d'une pièce de théâtre servent aussi à atténuer sa dimension tragique. [...]
[...] Mais les procédés comiques d'une pièce de théâtre servent d'autant plus à faire rire qu'ils appartiennent à des genres différents de la comédie. On peut citer le comique de la farce: la farce est un des genres comiques les plus anciens qui utilise des procédés simples et grossiers: coups de bâtons, bagarres, gestes équivoques et propos obscènes qui déclanchent le rire. C'est le cas par exemple de La Farce de Maître Pathelin, oeuvre anonyme du XVème siècle. Mais on en trouve également des traces dans les comédies de Molière, comme dans l'École des femmes où les expressions prennent un double sens. [...]
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