C'est principalement après la "querelle" du Cid (1636), qui opposa partisans d'un théâtre réglementé et tenants d'une création en liberté, que s'est constitué un corps de règles, de doctrines et de recommandations qui se sont peu à peu imposées à ce qu'on appelle le théâtre classique, et en particulier à la tragédie qui en était la forme la plus "élevée" (...)
[...] L'unité de temps Elle resserre les faits dans les limites de 24 heures. Même si le temps de l'action peut s'écouler durant les entractes, cette règle cherche à entretenir l'illusion d'une coïncidence entre la durée de la fiction et le temps de la représentation. C. L'unité de lieu Conséquence des deux premières, elle répond au désir d'installer l'action en un espace unique et polyvalent (entrée de palais, salle de trône) qui réponde à l'unicité de l'espace scénique lui-même. Ajoutons à ces trois règles une quatrième exigence, celle de l'unité de ton qui découle de la volonté de séparation de genres chez les classiques (tragédie d'une côté, comédie de l'autre) et impose à chacun d'eux (à la différence de la tragi-comédie) sa spécificité en matière de sujet, de héros et de niveau de langue et de ton. [...]
[...] Le contexte d'une codification C'est principalement après la querelle du Cid (1636), qui opposa partisans d'un théâtre réglementé et tenants d'une création en liberté, qui s'est constitué un corps de règles, de doctrines et de recommandations qui se sont peu à peu imposées à ce qu'on appelle le théâtre classique, et en particulier à la tragédie qui en était la forme la plus élevée Les doctes de l'époque (érudits, académiciens) se sont inspiré, pour cette codification, des œuvres antiques (tragédie grecque, comédie latine) ou de traités théoriques comme la célèbre Poétique d'Aristote (IVème siècle av. J.-C.). Par ailleurs, de nombreuses préfaces de tragédies de Corneille et Racine ont contribué à compléter ce corpus de règles. II. Les règles d'unité Le développement de la pièce classique doit obéir aux principes d'unité qui se décline lui-même en trois règles résumées ainsi par Boileau (Art poétique, 1674) : Qu'en un lieu, en un jour, un seul fait accompli tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli. A. [...]
[...] Les règles de bienséance A. Une fonction morale Les bienséances accompagnent ce mode de communication collectif qu'est le théâtre auquel les classiques assignent l'antique mission de catharsis : édifier le spectateur, purger ses passions par le spectacle de situations exemplaires, vraisemblables plus que vraies, dont il tirera leçon de déroulement et du dénouement. B. Une triple exigence Cette ambition morale et intellectuelle justifie aussi ce qu'on appelle les bienséances. Bienséances internes qui supposent, parfois au détriment de la vérité psychologique, la cohérence des caractères des personnages d'un bout à l'autre de l'action ; bienséances externes qui, dans un souci de ne pas choquer les spectateurs, excluent en principe de la scène tout ce qui (violence, amour) irait contre la morale établie ; bienséances linguistiques enfin qui interdisent au langage lui-même (dialogue, récit) de rapporter de manière trop réaliste ce qui n'est pas montré sur scène. [...]
[...] Molière lui-même a maintes fois plaidé pour le bon usage de ces conventions. Attaqué après sa représentation de l'École des femmes, il écrivit une autre et courte pièce intitulée Critique de l'École des femmes (1662) dans laquelle ses personnages se moquaient avec humour des défenseurs intégristes des règles : Vous êtes de plaisantes gens avec vos règles, s'exclame Dorante, dont vous embrassez les ignorants, et nous étourdissez tous les jours. Il semble, à vous ouïr parler, que ces règles de l'art soient les plus grands mystères du monde ; et cependant ce ne sont que quelques observations aisées, que le bon sens a faites sur ce qui peut ôter le plaisir que l'on prend à ces sortes de poèmes ; et le même bon sens qui a fait autrefois ces observations, les fait aisément tous les jours sans le secours d'Horace et d'Aristote. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture