De la mort de Voltaire (1778) à la naissance de Victor Hugo (1802), les pages de l'histoire paraissent tourner plus vite. La densité des événements, l'amplitude des bouleversements qui affectent en quelques années la société française sont en fait le résultat d'une évolution qui traverse le siècle. En ce sens, la Révolution française est plus un aboutissement qu'une surprenante convulsion historique. Dans les années qui la précèdent, les dernières de l'Ancien Régime, le vent de la liberté souffle d'Amérique où les colonies anglaises révoltées conquièrent leur indépendance (1783) (...)
[...] Un vaste mouvement d'opinion s'exprime à travers journaux et pamphlets, sociétés de pensée. La Fayette, Sieyès, Mirabeau, Talleyrand, Condorcet se rassemblent dans la Société des Trente qui entre en guerre contre les privilèges et suscite un nouvel esprit public et patriotique inspiré des Lumières. La convocation par Louis XVI des États généraux fait naître un immense espoir de changement, mais leur réunion fait apparaître la profonde division entre les intérêts des deux premiers ordres et ceux du Tiers État. Lorsque celui-ci se proclame Assemblée nationale le 17 juin 1789, la Révolution est véritablement engagée. [...]
[...] La Révolution est terminée et l'on peut mesurer les changements qu'elle a engendrés. Avec elle, plusieurs idées chères au Siècle des Lumières sont entrées dans la loi sinon dans la réalité : - l'affirmation des Droits de l'homme et du citoyen (Déclaration du 26 août 1789), - de la liberté des cultes décembre 1793), - de la gratuité de l'enseignement (19 décembre 1793) - de la primauté de la langue française (obligatoire dans les actes publics janvier 1794). La génération des écrivains de la Révolution est l'héritière d'un siècle philosophe et sensible. [...]
[...] Rousseau y fait représenter son Devin de village (1752). Sedaine et Monsigny y triomphent en 1769 avec Le Déserteur, drame en trois actes et en prose, mêlé de musique Beaumarchais lui-même suivra, dans ses comédies, cette mode du théâtre lyrique : dans Le Mariage de Figaro, tout finit par des chansons DE DIDEROT À BEAUMARCHAIS : L'EXPÉRIENCE D'UN AUTRE THÉATRE Mais si le génie du créateur de Figaro nous paraît aujourd'hui aussi éclatant, c'est qu'il a su nourrir son théâtre des expériences dramatiques les plus neuves de son époque, sans pour autant négliger l'ancienne et franche gaieté de la tradition comique. [...]
[...] Ce théâtre était destiné à un public bourgeois, défenseur des valeurs de l'honnêteté et de la famille, le même public qui avait célébré dans les années 1740 la comédie larmoyante et qui s'attendrissait à la lecture des romans sentimentaux de l'Anglais Richardson. On rit plus qu'on ne pleure dans le théâtre de Beaumarchais, mais il est certain que sa pièce la plus achevée, Le Mariage de Figaro, a retenu la leçon du drame. Mêlant le comique et le sérieux, le réalisme et la fantaisie, la société et l'individu, le verbe, la musique et le geste, elle est ce spectacle total qui efface les frontières et les règles que la tradition avait posées. [...]
[...] La France va vivre alors une année de crise aiguë (1793-1794) au son du canon et de La Marseillaise, au rythme des insurrections populaires et de la répression contre les ennemis de la Révolution (exécution de Louis XVI janvier 1793). L'éloquence politique devient une nécessité et une arme à l'heure où s'aiguisent des conflits idéologiques dont l'issue est parfois la mort. Beaumarchais, suspecté de trahison, doit émigrer comme Chateaubriand et Rivarol André Chénier qui, dans ses poèmes, condamne la Terreur est exécuté en 1794, la même année que Condorcet et Lavoisier. [...]
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