Temps subjectif et temps objectif dans "Oh, les beaux jours !" de Samuel Beckett

Résumé du document

Que se passe-t-il lorsqu'une personne n'a aucun repère temporel, autre que la sonnerie d'un réveil ? Comment tire-t-elle sa journée si elle est confinée dans un trou, dans un monde où rien ne se passe et où l'attente est si pesante qu'elle en devient presque palpable ? C'est de cette personne que nous parle Samuel Beckett dans sa pièce Oh les beaux jours !

Extraits

[...] En effet, le passé de Winnie semble idyllique : elle ne cesse d'évoquer, dans une sorte d'extase verbale, toute la beauté de son passé pré-scénique tout au cours du premier acte de la pièce. (Regardant devant elle, toque à la main, ton de fervente réminiscence.) Charlot Chassepot ! (Un temps.) Je ferme les yeux (elle enlève ses lunettes et ferme les yeux, toque dans une main, lunettes dans l'autre) et suis de nouveau assise sur ses genoux FLETCHER, J., SPERLING, J., Beckett. A study of his plays, London : Eyre Methuen p GENETTI, S., Op. cit. [...]

[...] (Un temps.) Et de plus en plus étrange. 53) tantôt elle réalise que tout revient 25) Oui, que vit-on jamais qu'on n'eût déjà vu [ . ] 45) Après que l'ombrelle a pris feu : L'ombrelle sera de nouveau là demain, à côté de moi, sur ce mamelon, pour m'aider à tirer ma journée. (Elle ramasse la glace.) Je prends cette petite glace, je la brise sur une pierre (elle le fait.) je la jette loin de moi (elle la jette derrière elle) elle sera de nouveau là demain, dans le sac, sans une égratignure, pour m'aider à tirer ma journée. [...]

[...] 45) La fusion des temps passé, présent et futur, réunis dans un temps présent stagnant et refusant tout changement, déstabilise profondément Winnie : Non, il faut que quelque chose arrive, dans le monde, ait lieu, quelque changement, moi je ne peux pas. [ . ] Une chance, que le moulin tourne. 43-44) Elle conjugue un verbe indifféremment au passé, au présent ou au futur GENETTI, S., Op. cit., p GENETTI, S., Op. cit., p Un présent infini : le temps entre suspension et circularité 17 [ . [...]

[...] BESSARD, V., Aimé Césaire, poète de la nostalgie dans Oeuvres et Critiques. Revue internationale d'étude de la réception critique des œuvres littéraires de langue française, Tübingen : Narr, XIX pp. 397-405. DELEUZE, G., GUATTARI, F., Kafka. Pour une littérature mineure, Les Éditions de Minuit, Paris p. FLETCHER, J., SPERLING, J., Beckett. A study of his plays, London : Eyre Methuen p. GENETTI, S., Les figures du temps dans l'œuvre de Samuel Beckett, Fasano : Schena editore p Un présent infini : le temps entre suspension et circularité 23 THIERRY, F., La perception du temps dans En attendant Godot et Fin de partie dans Samuel Beckett. [...]

[...] 67-68) Ainsi, dans un besoin d'ordre et de structure, Winnie découpe le temps et lui impose une structure précise de manière totalement arbitraire. Man cannot live without order, and in a world without a time scheme he will impose a pattern of his own making. La linéarité s'oppose à la circularité, le temps chronique objectif à l'appréciation subjective des durées : Winnie perçoit le temps dans une continuité linéaire alors qu'il est en réalité cyclique ou en suspension La question de la continuité entre le passé, le présent et le futur Nous avons étudié dans le chapitre précédent de quelle manière Winnie envisageait les trois dimensions temporelles que sont le passé, le présent et le futur. [...]