Commentaire composé entièrement rédigé sur l'acte III, scène 3 du Tartuffe de Molière.
[...] Molière sait à la fois faire rire les spectateurs, et susciter l'inquiétude devant l'habileté avec laquelle l'hypocrite se sert de la religion pour s'emparer de la fortune d'Orgon, épouser sa fille, et séduire sa femme. A l'acte III, l'imposteur déclare en effet sa passion è Elmire dans une tirade devenue célèbre. Insinueux, galant, flatteur, Tartuffe révèle alors toute sa duplicité. On pourra ainsi étudier, dans un premier temps, cette tentative de séduction, puis dans un deuxième temps, l'argumentation de l'hypocrite. [...]
[...] Mais Tartuffe, qui doit épouser la fille d'Orgon, vient déclarer son amour à sa femme, Elmire TARTUFFE Ah ! pour être dévot, je n'en suis pas moins homme ; Et lorsqu'on vient à voir vos célestes appas, Un cœur se laisse prendre, et ne raisonne pas. Je sais qu'un tel discours de moi paraît étrange ; Mais, Madame, après tout, je ne suis pas un ange ; Et si vous condamnez l'aveu que je vous fais, Vous devez vous en prendre à vos charmants attraits. [...]
[...] L'art de Molière éclate dans la composition de cette tirade è travers laquelle le faux dévot se démasque. D'entrée, Tartuffe cherche à séduire Elrmire en exaltant sa beauté. Il multiplie les compliments flatteurs, et célèbre les célestes appas les «charmants attraits» les «charmes» (v.13) de celle qu'il veut séduire. Le champ lexical de la beauté ensorcelante se développe à travers la première partie de la tirade, atteignant son point d'aboutissement, son apogée, dans l'expression emphatique du vers 20: suave merveille». [...]
[...] Il est vrai que le deuxième acte, en particulier, semble un peu vide Mais dès que Tartuffe parait c'est un chef-d'œuvre. Et le personnage du faux dévot, sensuel, amitieux et rusé, qui exprime en termes mystiques sa soif de plaisir s'inscrit dans la galerie magnifique des caractères peints par Molière. Si la comédie a pour but de corriger les vices des hommes», comme il le défend, Tartuffe remplit parfaitement cette fonction. Et l'on comprend que les faux dévots, mais aussi toutes les formes d'hypocrisie, ont pu s'alarmer de se voir ainsi dénoncés sur la scène, tandis que les acteurs rêvent tous d'incarner ce personnage habile et inquiétant, qui tient lui-même un rôle et manie à la perfection le double langage. [...]
[...] La tirade de Tartuffe n'est pas simplement l'aveu que ferait de son amour un homme passionnément épris, elle se construit comme une véritable argumentation. Les premiers vers correspondent ainsi à l'énoncé de la thèse: si Tartuffe est tombé amoureux, c'est è cause des charmes extraordinaires d'EImire auxquels nul ne peut résister. C'est elle qui est, au fond, responsable de sa passion. Tartuffe semble ainsi s'innocenter lui-même, et rappelle que ses résistances ont été vaincues : «jeûnes, prières, larmes (v. tout a été inutile. [...]
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