Molière est attaqué de toutes parts lorsqu'il fait représenter pour la première fois Tartuffe, en 1664. On l'accuse de s'en prendre à l'Eglise et aux dévots ; il réplique que ce sont les hypocrites dont il fait la satire. Ainsi, si le personnage principal divise les membres de la famille d'Orgon, il divise aussi les spectateurs. C'est à la scène 2 de l'acte III qu'il fait son entrée en scène, au moment où Dorine vient lui annoncer la visite de sa maîtresse, Elmire. Nous verrons dans une première partie comment ce dialogue met en évidence la double personnalité de Tartuffe, avant d'étudier dans une deuxième partie le rôle de Dorine.
[...] Nous verrons dans une première partie comment ce dialogue met en évidence la double personnalité de Tartuffe, avant d'étudier dans une deuxième partie le rôle de Dorine. La double personnalité de Tartuffe L'entrée en scène de Tartuffe, qui divise la famille d'Orgon, souligne la duplicité du personnage. A. Le dévot Tout d'abord, Tartuffe semble agir en dévot. Sa première réplique montre qu'il prie et se mortifie Laurent, serrez haire avec ma discipline c'est-à-dire qu'il s'inflige des souffrances en raison des péchés qu'il a commis. [...]
[...] En effet, Tartuffe joue un rôle devant un public. C'est au moment où il aperçoit Dorine qu'il se vante de ses pratiques religieuses. La preuve en est qu'il lance ses ordres à Laurent en parlant haut Le véritable destinataire est moins son valet que Dorine, selon le principe de la double destination théâtrale. Son hypocrisie se lit également dans ses répliques. En effet, il parle comme il réciterait un rôle appris par coeur. Ses phrases sont construites avec recherche, comme le montre l'antéposition du complément de nom Des aumône que j'ai partager les deniers Elles sont si générales, par l'emploi du présent de vérité générale et du pluriel, qu'elles prennent la forme de maximes Par de pareils objets les âmes sont blessées, / Et cela fait venir de coupables pensées théâtralité du geste tirant un mouchoir de sa poche complète le rôle qu'interprète Tartuffe. [...]
[...] On peut supposer que le geste accompagne la parole et qu'elle ose regarder du haut jusques en bas celui à qui elle parle. L'hypocrisie de Tartuffe devient plus voyante devant ce personnage honnête et franc. B. Le registre satirique De plus, Dorine se moque de Tartuffe. Tout d'abord, elle s'adresse à deux reprises au public en aparté pour dénoncer ses vices. La première fois, elle emploie deux hyperboles Que d'affection et de forfanterie ! pour suggérer le caractère excessif de la prétendue dévotion de Tartuffe et la rendre sujette à caution. [...]
[...] La suite de la déclaration de Dorine a un double sens Et je vous verrais nu, du haut jusques en bas, / Que toute votre peau ne me tenterait pas : il s'agit d'affirmer sa chasteté, infiniment plus solide que celle de Tartuffe ; il s'agit également de dénigrer Tartuffe qui parait ainsi bien peu séduisant ! Conclusion La première apparition de Tartuffe qui intervient tardivement, à la scène 2 de l'acte III après un long suspens, permet au spectateur, guidé par les moqueries de Dorine, de se faire sa propre idée du personnage. Son masque de dévot ne résiste pas à l'épreuve de la scène. [...]
[...] Le concupiscent Au-delà du masque de dévot que revêt Tartuffe, on voit apparaître son vrai visage : celui d'un homme concupiscent. Il est immédiatement arrêté par le sein de Dorine et doit l'interrompre tant il est ému par cette vision Ah ! Mon dieu, je vous en prie, /Avant que de parler, prenez moi ce mouchoir De plus, l'hyperbole Très volontiers qui souligne le plaisir avec lequel Tartuffe verra Elmire, l'interrogative Viendras-t-elle bientôt ? qui dit son impatience, et l'accélération du rythme du dialogue suggèrent une vive attirance du prétendu dévot pour la femme de son protecteur. [...]
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