Présentation des principales caractéristiques de l'oeuvre de l'écrivain japonais TANIZAKI Jun'ichirô (1886 - 1965), un des auteurs majeurs de la littérature japonaise du XXème siècle, père de nombreux romans à succès d'inspiration souvent autobiographique, comme le Journal d'un vieux fou (1961). Tanizaki s'est attaché à développer plusieurs thèmes traitant de l'âme humaine, en particulier masculine, comme ceux de la sexualité, de la passion ou de la relation avec les femmes.
[...] Mais le fétiche le plus présent et récurrent dans les ouvrages de TANIZAKI est le pied, petit, blanc et aux ongles de nacre. Ainsi un pied aperçu dans un palanquin est-il le point de départ de la passion de Seikichi dans Le Tatouage, et devient carrément un sujet de nouvelle à part entière dans Le Pied de Fumiko. Cette image revient également dans La Clef ; dans Le Journal d'un vieux fou, le pied de Satsuko, objet de fantasme par excellence de Tokusuke, est même déifié sous forme de pied de Bouddha ornant la future tombe du vieillard. [...]
[...] On peut également citer Le Tatouage, dans lequel le tatoueur Seikichi tombe littéralement en pâmoison pour une jeune fille tout juste entraperçue, en perdant le goût de vivre, ne rêvant que de sa peau qui ferait un support idéal pour une œuvre grandiose. En définitive, la passion, selon TANIZAKI, amène nécessairement malheurs et maladie, pour rétablir une sorte d'équilibre avec les instants (pourtant rares) de bonheur intense que ces relations passionnées procurent. L'image particulière que TANIZAKI accorde aux femmes est également une spécificité de son œuvre. [...]
[...] Toujours dotées d'une beauté diabolique, elles s'en servent pour mener les hommes à leur guise. Néanmoins, elles n'ont souvent pas conscience au départ de ce don, et c'est l'adoration aveugle des hommes qui leur ouvre les yeux. Les femmes sont manipulatrices ou même perverses parce que les hommes acceptent de se laisser manipuler. Dans Un Amour insensé, le sort de Jôji est bien sûr peu enviable et bien triste. Mais il ne faut pas oublier que c'est lui, à force de gâter Naomi à l'excès, qui en a fait la femme capricieuse, infidèle et menteuse qu'elle est devenue. [...]
[...] Il étudie l'âme humaine, traitant du désir sexuel et de l'approche de la mort dans l'esprit d'un vieil homme, à travers deux romans à l'importance capitale : Kagi (La Clef) en 1956, puis Fûten rôjin nikki (Journal d'un vieux fou) en 1961. Il écrit encore quelques ouvrages, puis décède en 1965, auréolé d'une longue carrière teintée de gloire et de scandale. Plusieurs caractéristiques générales, formelles et thématiques, peuvent être dégagées dans l'œuvre de TANIZAKI. Caractéristique formelle tout d'abord, puisque TANIZAKI adopte très souvent le mode épistolaire, usant d'un narrateur qui parle à la première personne du singulier. [...]
[...] Par conséquent, quand il devient si malade qu'il est obligé d'arrêter de rédiger son journal, les journaux de son infirmière, du médecin et de sa fille Itsuko, qui servent à compléter le récit, éclairent d'un jour nouveau, grâce à leur altérité, la relation de Tokusuke et de sa belle- fille Satsuko. En effet, il semble tout à coup possible que celle-ci soit beaucoup plus normale que ne le fantasme le vieil homme, qui aime voir en elle une femme proche d'une prostituée, là où les autres ne voient qu'une jeune épouse ordinaire. Cependant, il est à noter que ce mode épistolaire est également parfois employé dans un second but, par exemple dans La Clef. [...]
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