Nous étudierons donc ce système balzacien en trois moments : tout d'abord nous explorerons ce système pour en comprendre l'organisation, puis nous aborderons le problème du ?réalisme? balzacien, intrinsèquement lié à l'entreprise de description systématique du réel, pour nous interroger enfin sur la philosophie balzacienne, unificatrice et garante de l'harmonie du système.
[...] La grande spécificité balzacienne reste donc essentiellement d'avoir conçu son oeuvre sous la forme d'un système dont les principes sont clairement énoncés dans l'Avant-propos de La Comédie Humaine, publié en 1842. Il ne faut tout de même pas s'en laisser conter par Balzac car l'Avant-propos donne l'impression que le système avait été entièrement pensé avant l'écriture de La Comédie Humaine. En réalité, la construction de l'ensemble s'est faite de façon progressive, parfois assez désordonnée : le dessin général de l'oeuvre n'est apparu à Balzac qu'en cours de réalisation et l'Avant-propos offre, en définitive, une systématisation a posteriori. [...]
[...] C'est en ce sens que le réalisme balzacien a été qualifier, depuis Baudelaire, de réalisme visionnaire. On sait en effet que Balzac ne travaillait pas comme, plus tard, les réalistes ou les naturalistes : nul dossier, nulle enquête. Balzac se fie à son imagination, car, pour lui, le propre du grand génie est de pouvoir convoquer le monde dans son esprit : il estimait qu'il lui suffisait de penser le monde pour que sa vision soit juste et conforme au vrai. [...]
[...] Par exemple, la Théorie de la démarche qui traite du Mouvement et de l'Energie selon Balzac. La Comédie humaine a donc une forme pyramidale et un ordonnancement qui ménage une progression vers des textes de plus en plus théoriques. C'est une oeuvre qui va de la fragmentation vers l'unité. C'est tout à la fois une description de la société de l'époque et une réflexion philosophique sur l'homme, ses passions, ses systèmes sociaux et politiques. II. A PROPOS DU “REALISME” BALZACIEN. [...]
[...] La Comédie humaine, voulant rendre compte totalement de l'homme et de son univers, s'ouvre largement à ce que nous appelons aujourd'hui la “parapsychologie”. Il est important de comprendre par ailleurs que cette théorie de l'énergie vital comporte un volet social : c'est l'excès, selon Balzac, qui tue, mais non l'exercice moral des passions et de la volonté. Or, justement, la société que décrit Balzac lui paraît inadaptée : elle contraint à employer trop d'énergie. La dépense de force vitale, à cause de l'organisation sociale, est toujours hors de proportions avec le but à atteindre. La société tue, parce qu'elle gaspille ses forces. [...]
[...] La Peau de Chagrin lance le réalisme critique balzacien et la veine philosophique. Les Chouans inaugure la veine épique, plus large, qui se plaît à dessiner les drames humains. Quant à la Physiologie du Mariage, qui n'est pas un roman mais une oeuvre analytique, elle ouvre la voie de l'analyse sociale cruelle et ironique. En trois ans, et peut être sans en avoir eu réellement conscience, Balzac fixe donc dans ses oeuvres que l'on peut déjà considérer comme majeures, les cadres de La Comédie Humaine. [...]
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