L'histoire de Rousseau, racontée dans les "Confessions", expose la chute de l'enfant chéri à l'enfant perdu à travers le trois mythes : celui de l'âge d'or (il perd progressivement son innocence et le bonheur comme aux premiers temps de l'humanité), celui du paradis terrestre (il quitte l'univers du Bien pour celui du Mal, comme Adam et Ève), et celui de l'état de nature (hypothèse philosophique qui lui permet de réfléchir sur les fondements de la société). Pour Rousseau, l'enfance est plus qu'un âge privilégié, c'est un état d'innocence dont il parle toujours avec respect ; il en a une conception originale qui s'appuie sur trois grands mythes de l'innocence perdue.
[...] Cette structure superpose le récit et son commentaire, le temps du passé revécu et le temps du narrateur. Le va-et-vient permanent entre le passé et le présent conduit Rousseau à raconter ce moment jusque- là inavoué afin de se déculpabiliser dans le présent par sa confession. Rousseau, entraîné par les "retours du passé" , rédige une autobiographie qui s'apparente par ses modalités à un récit rétrospectif mais où les éléments de sa propre existence se pressent en dehors de toute chronologie, une succession "d'affections secrètes". [...]
[...] Le narrateur - le Rousseau lucide et penseur - établit en fait au fur et à mesure de ces quatre livres une véritable archéologie de sa pensée de son être : il sent, il pense, il est. Plus on avance dans la lecture de ce texte, plus le lecteur prend de l'importance : jusqu'à l'aveu final, Rousseau laisse entendre qu'il est impossible pour le lecteur d'être passif. Les concessions disparaissent, et Rousseau jouit enfin de sa personnalité pleine et entière. [...]
[...] Il découvre le sens et la globalité de cette destinée en accumulant les expériences et les détails de son analyse a posteriori. Sa naissance est le premier maillon de sa destinée malheureuse : "Ma naissance fut le premier de mes malheurs.", écrit-il au livre I. Il faut voir dans cette fatalité la portée dramatique et sa fonction narrative : Rousseau est le héros tragique de ces situations de catharsis (mot grec signifiant, en littérature, le "mieux-être", le soulagement, l'élévation). Explication de l'autobiographe ou justification de ses responsabilités, Rousseau suggère que cette fatalité l'empêche de s'épanouir et l'arrache à ses dispositions réelles et à l'existence espérée. [...]
[...] Bossey : Jean Jacques et son cousin sont mis en pension chez le pasteur Lambercier et sa soeur. Ce séjour est exceptionnel pour Rousseau et aurait pu jouer un rôle déterminant s'il avait été plus long Episode de la fessée 11. Episode du peigne cassé 12. Episode du noyer Retour à Genève: période d'oisiveté avec son cousin Bernard Les amours enfantines de Jean-Jacques : Mlle Vulson et Mlle Goton Apprentissage chez un greffier, M. Masseron. Jean-Jacques finit par être renvoyé Apprentissage chez un graveur, M. [...]
[...] - D'un point de vue littéraire: Les préoccupations de Rousseau s'opposent à celles de son époque. Le XVIIIe siècle est le siècle des Lumières : l'esprit et la raison triomphent et les écrivains veulent que les clartés de l'intelligence règnent sur l'univers. Il choisit la sensibilité contre la raison d'un Montesquieu, la sincérité contre l'ironie d'un Voltaire, l'individu contre la société : il tourne ainsi le dos aux débats littéraires de son époque et se marginalise. Dans les Confessions, il associe narration et analyse psychologique (phénomène d'introspection) et oscille sans arrêt entre le désir et la loi. [...]
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