Dissertation de Philosophie : "Dans son livre L'expérience morale, publié en 1903, Rauh postule que le souci de la perfection intérieure suppose une surveillance continue de soi-même. Dans quelle mesure, ce propos vous permet-il d'apprécier Les Confessions de Saint Augustin et Lorenzaccio d'Alfred de Musset ?".
[...] L''homme, dans son aspiration à atteindre la perfection intérieure, se rend immanquablement compte, qu'il s'agit d'une expérience des limites, excédent ses propres facultés humaines. Saint Augustin, refusant de se fier à sa seule détermination, se déclare vaincu devant une telle tâche, et demande l'aide de Dieu : «Seigneur, vous augmenterez, s'il vous plaît, de plus en plus les miséricordes dont vous m'avez favorisé jusqu'ici, afin que mon âme, étant dégagée des filets de la concupiscence, elle me suive pour aller vers vous ; afin qu'elle ne se révolte pas contre elle-même». [...]
[...] Le moraliste Rauh, s'inscrivant dans cette tradition millénaire, conçoit la perfection comme un état intérieur, dans son livre L'expérience morale. Aussi, ajoute- il que le souci s'y afférant suppose une surveillance continue de soi- même C'est dire que la condition de la perfection, ainsi conçue, nécessite de veiller continuellement à sa conduite, et de la soumettre en permanence au jugement des principes éthiques. Cependant, en opérant implicitement le départage de l'être humain, entre intérieur et extérieur, Rauh ne fait que rendre cette surveillance encore plus difficile, quand elle n'est pas impossible. [...]
[...] Il s'agit, pour Augustin de la part la plus inapte à son parachèvement. C'est pourquoi, il ne peut pas s'empêcher de vivre dans une lutte constante, contre les exigences de cet extérieur : la chair combattant contre l'esprit et l'esprit contre la chair Le combat livré mutuellement, entre la chair et l'esprit, montre à quel point l'ordre du corps, identifié à l'extériorité de l'homme, est non seulement inapte à la perfection, mais il est également un obstacle, y entravant l'accès. [...]
[...] Autant de considérations qui incitent à demander si la surveillance continue de soi, en vue de la perfection intérieure, ne risque pas d'usurper l'intégrité du moi. L'examen des Confessions de Saint Augustin, et Lorenzaccio de Musset, nous permettra d'analyser d'abord l'extériorité, comme peu fiable à la perfection ; et il nous aidera, ensuite, de voir comment, et par quels mécanismes, se conçoit l'aspiration à la perfection intérieure ; avant de démêler, enfin, les facteurs qui la transforment en exercice, qui excède les capacités humaines. [...]
[...] C'était en ce dehors que je vous cherchais». L'interjection hélas ! montre à quel point l'extériorité de l'être n'est aucunement fiable, dans la quête de la Vérité, qui suppose, cela va de soi, la perfection. Ici encore, ce dehors se dresse comme un obstacle redoutable, devant l'aspiration du sujet à l'achèvement. Le souci de la perfection intérieure, trouve donc sa justification dans l'altération de l'extériorité. Aussi, l'intériorité fait-elle d'abord l'objet de l'aspiration à la perfection, nécessitant ensuite certains mécanismes de la surveillance continue de soi-même. [...]
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