Le surréalisme a tout d'abord été poétique. Il s'ouvre, pendant la période de la Première Guerre mondiale (1914-1918), à un vaste mouvement de contestation globale, qui vise à renverser non seulement les formes artistiques, mais aussi les racines intellectuelles et morales de la société moderne. Le surréalisme marque, après la révolution de la peinture cubiste et de l'art abstrait dans les années 1910, la seconde naissance de l'art moderne (...)
[...] Mais c'est véritablement le bilan de la Première Guerre mondiale qui constitue le séisme majeur : après avoir causé plus de huit millions de morts, la grande boucherie laisse à la jeunesse de l'époque le sentiment d'un gâchis irréparable et absurde. Le surréalisme naît de ces différents événements. Par ses thèmes, il renoue d'une certaine façon avec le romantisme des années 1830 : la jeunesse s'insurge contre les valeurs d'une société décomposée, elle lie son désir de vivre à la quête de la poésie, elle conteste la valeur de la raison. [...]
[...] On y retrouve le rejet conjoint de l'art et de la morale, de même que l'idée d'un art automatique qui révèle l'être profond. Attention, cependant : cet être profond n'a rien à voir avec le moi (celui des romantiques, par exemple), mais avec une pensée pure et anonyme dont le cerveau est le théâtre ; cet art surréaliste ne vise aucune surréalité au sens d'un au-delà (contrairement au symbolisme), mais une réalité cachée qui est plutôt dedans ou derrière que véritablement sur III. [...]
[...] Cette mission implique une double révolution esthétique : d'une part, l'art cesse d'être une fin pour devenir un moyen (c'est la fin du symbolisme et de l'art pour l'art) ; d'autre part, en se vouant à l'inconscient, il cesse d'être une technique de représentation. Le surréalisme récuse ainsi, d'un même trait, et l'art et les artistes. Il leur substitue deux autres termes : d'un côté, l'écriture automatique (à la place du travail artistique) et, de l'autre, l'inconscient (à la place de l'artiste). [...]
[...] La citation d'Aragon illustre bien la tension qui règne à cette époque : Comment veut-on que nous manifestions quelque tendresse, que nous usions de tolérance à l'égard d'un appareil de conservation sociale, quel qu'il soit ? [ . ] Tout est à faire, tous les moyens doivent être bons, pour ruiner les idées de famille, de patrie, de religion (Breton) Dans les années 1930, le mouvement se brise peu à peu, mais Breton affirme la pérennité de sa recherche. Malgré cette fin annoncée, le surréalisme apparaît comme le noyau originel de quelques-unes des plus grandes œuvres poétiques et artistiques. [...]
[...] LE SURREALISME Le surréalisme a tout d'abord été poétique. Il s'ouvre, pendant la période de la Première Guerre mondiale (1914-1918), à un vaste mouvement de contestation globale, qui vise à renverser non seulement les formes artistiques, mais aussi les racines intellectuelles et morales de la société moderne. Le surréalisme marque, après la révolution de la peinture cubiste et de l'art abstrait dans les années 1910, la seconde naissance de l'art moderne. I. Les prémisses du surréalisme Dès la fin du XIXe siècle, certains artistes peuvent apparaître comme les annonciateurs du bouleversement qui a donné naissance au surréalisme. [...]
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